Egypte: une statue jugée offensante envers l'armée a été détruite

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Le 05/09/2016 à 18h16

Revue de presseDécidément, en Egypte, l’armée dirige, y compris la conscience des hommes de culture. En effet, un artiste a été contraint de détruire une partie de sa statue montrant un soldat enlaçant une femme civile. La polémique a failli être incontrôlable. L'artiste a répondu en tendant un rameau d'olivier.

Kiosque Le360 Afrique. C’est le gouverneur de la province de Sohag (Haute-Egypte) qui a ordonné la destruction d'une sculpture représentant un soldat enlaçant une paysanne.

Haute comme trois étages (8,5m) et dénommée "The Mother of Martyr", c’est-à-dire la Mère du Martyre, l’œuvre devait rendre hommage à l’armée. Le soldat en tenue et casquette militaires devait avoir une attitude protectrice, rapporte la BBC. Alors que, la paysanne égyptienne est souvent une source d’inspiration des artistes.

Cependant, les habitants de Sohag ont trouvé que le soldat s’affiche mal à propos. Les interprétations ont été diverses. Si d’aucuns ont estimé que l’œuvre était impudique dans une Egypte très conservatrice, d’autres ont purement et simplement affirmé que l’armée faisait des avances au peuple, toujours selon la chaîne britannique.

Quoi qu’il en soit, il faut éviter tout amalgame vis-à-vis d’une armée qui cherche encore à asseoir sa légitimité. Donc, une œuvre pouvant paraitre comme critique envers l’institution n’est pas la bienvenue.

L'artiste Wagih Yani a défendu son oeuvre affirmant qu'il s'agit de l'Esprit du Martyre

Une partie de la presse égyptienne s’est déchaînée, comme c’est souvent le cas dans les pays ayant hérité d’une certaine tradition anglo-saxonne. Des journalistes n’ont pas hésité à parler de représentation du harcèlement sexuel. Une interprétation pas si farfelu que cela, si l’on sait que beaucoup de cas de harcèlement sexuel ont été signalé sur la Place Tahrir lors du "Printemps égyptien", à partir de 2011. De plus, l'œuvre a été érigée non loin d'une école de filles de la petite ville d'El-Belina. 

Evidemment, tout ceci est balayé d’un revers de main par l’artiste. Selon lui, il ne s’agit ni plus ni moins d’un symbole du martyre. Convaincu qui voudra. A la place du soldat, un rameau d’olivier et une colombe sont venus se poser, comme un appel à l’apaisement, après toute cette agitation. Comme quoi, on ne peut pas museler les idées. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 05/09/2016 à 18h16