"Il est strictement interdit aux personnes de sexe féminin de battre le tambour; elles peuvent néanmoins exécuter les danses folkloriques féminines en accompagnement au jeu du tambour", précise un décret du président burundais Pierre Nkurunziza.
De même, tous les groupes qui ont pour objectif de faire de l'"animation culturelle" doivent désormais se faire enregistrer au ministère de la Culture et ne pourront se produire en dehors des "cérémonies officielles qu'avec une autorisation du ministre".
Cette demande d'autorisation doit être déposée deux semaines avant l'événement et le ministre se réserve le droit d'accepter ou non, "au regard de l'importance historique de l'instrument".
Inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité de l'Unesco en 2014, le tambour - Ingoma en kirundi, la langue nationale - était le symbole dans le Burundi monarchique d'une royauté sacrée et multiséculaire, qui a pris fin avec l'avènement de la République en 1966. Lorsqu'un roi accédait au pouvoir, on disait qu'il montait sur l'Ingoma.
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Apanage des hommes de certains clans hutu du Burundi, le tambour n'était battu qu'en présence du roi et pour rythmer des moments importants de la vie nationale: la fête annuelle des semailles, les déplacements du roi, son intronisation...
Cet instrument s'est démocratisé et les groupes de tambourinaires ont fleuri à travers tout le pays depuis une vingtaine d'années. De nombreuses communes, quartiers ou écoles ont leur groupe qui agrémente aussi bien les fêtes officielles que les mariages, remises de diplômes et fêtes de baptêmes. Et quelques groupes de femmes tambourinaires ont commencé timidement à faire leur apparition.
Le décret présidentiel signé le 20 octobre prévoit que si l'organisateur obtient l'autorisation de se produire, il devra payer "au Trésor public une redevance de 500.000 Fbu (245 euros) par exhibition". Cette redevance devient journalière si le groupe va se produire à l'étranger.
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Sur Twitter, de nombreux burundais ont dénoncé ces derniers jours "une dérive monarchique" du pouvoir burundais et "un signe de plus de la volonté de contrôler la société burundaise".
"Avec ce texte, le tambour n'appartient plus au citoyen burundais, il appartient au gouvernement", a réagi Pacifique Nininahazwe, un des leaders de la société civile en exil.
Fin octobre, le gouvernement a adopté un projet de révision de la Constitution qui, s'il était adopté par référendum, permettrait au président Nkurunziza de briguer deux septennats consécutifs à partir de 2020.
Le pays est plongé dans une crise politique profonde depuis l'annonce de la candidature controversée de M. Nkurunziza à un troisième mandat en avril 2015, obtenu en juillet de la même année. La crise a fait entre 500 et 2.000 morts selon les sources (ONU ou ONG).