Les cinéphiles camerounais n’ont pas pu voir Black Panther, dernier opus des studios Marvel, lors de sa sortie en salles le week-end dernier. L'intrigue se déroule au Wakanda, un pays imaginaire d’Afrique qui a su exploiter un minerai rare (le vibranium) pour se développer.
Ils étaient pourtant nombreux à se presser vendredi 16 février dernier aux portes de Canal Olympia pour voir cette grosse production hollywoodienne dont le super-héros est noir. Mais les portes sont restées closes. A Yaoundé, les spectateurs ont été surpris d’apprendre que le film ne sera pas projeté à cause d’un projecteur défaillant.
«Suite à un problème technique, votre cinéma Canal Olympia n'est pas en mesure d'ouvrir ses portes ce week-end. Toutes les séances programmées sont donc annulées. Votre salle devrait rouvrir à partir du mardi 20/02 au plus tôt. Nos équipes mettent tout en œuvre pour rétablir la situation au plus vite», indique, dans un communiqué, la branche camerounaise du groupe Vivendi consacré au cinéma, détenteur des droits pour la sortie continentale du film.
Lire aussi : Black Panther: le dernier opus des studios Marvel réjouit les spectateurs africains
Le communiqué publié quelques heures avant la première diffusion ne précise toutefois pas la nature du problème. Suffisant cependant pour que les spectateurs crient à la censure. «La polémique autour du film a-t-elle affecté le Cameroun?», s’interroge une cinéphile qui n’a pas manqué de publier un post à ce sujet sur Facebook. «C’est quand même bizarre que le projecteur soit en panne au même moment à Yaoundé et Douala», ironise un autre.
A Canal Olympia, l’on assure qu’il s’agit d’une «simple coïncidence». Mais des sources au ministère des Arts et de la culture confient que le groupe n’a pas encore reçu l’aval des autorités pour la diffusion de Black Panther au Cameroun. «Canal Olympia demande et obtient toujours ses visas. Mais ils n’en ont pas demandé de visa pour la projection de ce film. Ce qui peut expliquer le fait que le film n’ait pas été projeté ce week-end», souffle un responsable dudit ministère.
Lire aussi : Burkina. Clap de fin pour Idrissa Ouédraogo, un monument du cinéma africain
La loi du 16 décembre 1998 fixant l’orientation de l’activité cinématographique au Cameroun dispose qu’«aucun film cinématographique, quels qu’en soient le genre et le format, ne peut être distribué au Cameroun en vue de sa représentation en séances publiques, à des fins commerciales, éducatives ou culturelles s’il n’a obtenu l’autorisation, sauf dérogation prévue par voie réglementaire».
A cet effet, les centres culturels étrangers installés au Cameroun doivent soumettre leurs films à la Commission nationale de contrôle des films cinématographiques, prises de vue et enregistrements sonores en vue de l’obtention d’un visa d’exploitation. «Le film sera reprogrammé en semaine», assure une source à Canal Olympia, alors que le communiqué signale que «toutes les préventes des séances annulées seront remboursées».
En attendant, les spectateurs pourront se rabattre sur l’Institut français du Cameroun où Black Panther est à l’affiche dimanche prochain à Yaoundé et Douala. Un film dans lequel on retrouve Sasha Morfaw et Constance Ejuma, deux actrices américaines d’origine camerounaise.