Egypte: Al Sissi inaugure la plus grande cathédrale copte du Moyen-Orient

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Le 07/01/2019 à 09h36, mis à jour le 07/01/2019 à 09h38

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi doit inaugurer dimanche soir une gigantesque cathédrale à l'occasion du Noël copte, sous haute sécurité au lendemain de la découverte près d'une église d'un engin explosif qui a tué un policier.

Dans la salle de conférence d'un hôtel flambant neuf, M. Sissi, arrivé aux côtés du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a demandé à l'assistance d'observer "une minute de silence" pour "l'officier martyr tombé hier".

Un imposant dispositif de sécurité a été mis en place dimanche sur le site de la nouvelle capitale administrative, actuellement en construction dans le désert à environ 45 km du Caire et où doit avoir lieu l'inauguration, a constaté un photographe de l'AFP.

La veille au soir, dans un nouvel incident visant la communauté copte, un commandant de police spécialisé dans le déminage a été tué au Caire en tentant de désamorcer une bombe près de l'église al-Azraa Wa Abou Sifin, selon des sources au sein des services de sécurité.

Deux autres policiers ont également été blessés dans l'explosion de la bombe placée dans un sac, selon les mêmes sources. Si une source de la Sécurité a affirmé à l'AFP que l'église était "visée", les autorités n'ont pas communiqué sur cet incident.

Les coptes d'Egypte sont dans le collimateur depuis 2016 du groupe Etat islamique (EI) qui a revendiqué plusieurs attaques meurtrières contre cette communauté.

Entre des chants et petits clips prônant la tolérance, les autorités ont diffusé un message télévisé du Pape François. Le souverain pontif a salué le pape copte Tawadros II et son Église "qui a su donner un véritable témoignage de foi et d'amour même dans les moments les plus difficiles".

Sur Twitter, le président américain Donald Trump, qui a plusieurs fois exprimé sa sympathie pour son homologue égyptien, s'est dit "ravi de voir nos amis en Egypte ouvrir la plus grande cathédrale du Proche-Orient".

- Des "extrémistes" derrière l'attaque -

Dénonçant sur sa page Facebook "l'opération terroriste" de samedi soir, le mufti d'Egypte a précisé que des engins explosifs avaient été déposés sur le toit d'un bâtiment abritant une mosquée situé tout proche de l'église.

L'Eglise copte a dit, dans un communiqué publié dans la nuit, pleurer "l'officier martyr" qui a été tué dans l'explosion. Les funérailles du policier, Moustafa Abid, ont eu lieu ce dimanche selon des images diffusées dans la presse locale.

Dans un communiqué, la célèbre institution de l'islam sunnite Al-Azhar a estimé dimanche que "viser des lieux de culte est un acte criminel", fustigeant "le terrorisme pernicieux qui tente de saboter les célébrations de Noël de nos frères coptes".

L'incident n'a pas dissuadé les autorités de maintenir la cérémonie dimanche soir à la veille du Noël copte, une fête célébrée le 7 janvier dans toute l'Egypte.

La nouvelle capitale administrative égyptienne, annoncée en 2015 par le gouvernement de M. Sissi, est encore en cours de construction. Sa cathédrale de la Nativité est présentée comme l'une des plus grandes du Proche-Orient.

La mosquée Al Fattah al-Alim doit aussi être inaugurée par le président dans la nouvelle capitale ce dimanche.

- Renforcement de la sécurité -

Ces dernières semaines, les forces de sécurité avaient annoncé un renforcement du dispositif de sécurité au Caire pour les fêtes de fin d'année.

L'Egypte affronte des mouvements extrémistes, dont l'EI, en particulier depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, suivie d'une répression contre les partisans de l'ancien chef de l'Etat. 

Pour sa part, la communauté copte, estimée à 10% de la population égyptienne d'environ 100 millions d'habitants, est régulièrement la cible d'attaques. Plus d'une centaine de personnes ont été tuées dans des attaques contre des chrétiens depuis fin 2016.

La dernière en date remonte à novembre 2018 lorsque des assaillants avaient tiré sur un bus transportant des fidèles chrétiens au sud du Caire, tuant sept personnes et en blessant sept autres. L'attentat avait été revendiqué par l'EI.

A la tête de l'Egypte depuis 2014, M. Sissi se présente souvent comme un défenseur des chrétiens face aux extrémistes. Mais certains analystes et militants reprochent toujours à l'Etat de discriminer et de ne pas suffisament protéger les coptes.

En février 2018, l'Egypte a lancé une vaste opération contre l'EI, dont la branche locale est basée au Sinaï (est). Plus de 500 jihadistes présumés ont été tués depuis cette date, selon les chiffres officiels.

Les coptes ne sont pas les seules cibles des mouvements extrémistes. Des centaines de policiers et de soldats ont été tués dans des attaques.

Par ailleurs, trois touristes vietnamiens et leur guide égyptien ont été tués le 28 décembre dans l'explosion d'une bombe artisanale au passage de leur bus près des pyramides de Guizeh.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 07/01/2019 à 09h36, mis à jour le 07/01/2019 à 09h38