Cameroun: au cœur des forêts sacrées de la pure tradition bamiléké

VidéoLes Bamiléké ont fait corps avec leurs traditions, qui leur permettent de vivre en harmonie avec la nature. S’il y a le culte des crânes, il y a aussi les forêts sacrées, lieux de rencontre par excellence entre les populations et leur dieu.

Le 02/07/2022 à 13h53, mis à jour le 02/07/2022 à 14h11

Les Bamiléké sont l’un des rares peuples au Cameroun qui conservent encore l’héritage culturel de leurs ancêtres. Ils sont de la grande famille des Grassfields situés dans la région de l’Ouest-Cameroun. On les retrouve notamment dans les départements de Bamboutos, Haut-Nkam, Hauts-Plateaux, Koung-Khi, Menoua, Mifi et Ndé. C’est un peuple dynamique, qui flirte avec toutes les religions dites conventionnelles mais est resté attaché à ses traditions ancestrales. Parmi ces traditions, l’exaltation des forêts sacrées.

Les palais royaux des Bamiléké sont toujours associés à un ou plusieurs espaces boisés. Cet espace abrite généralement les institutions indispensables au bon fonctionnement du royaume. Il s’agit des lieux où des rituels sont effectués, des lieux d’initiation et des lieux de culte traditionnels. Les forêts sacrées sont interdites de tout accès. Elles sont réservées aux initiés dans la pure tradition des Grassfields. Les ressources forestières et fauniques qu’on y retrouve sont interdites à toute exploitation, car selon les gardiens de la tradition, les esprits ne doivent aucunement être perturbés.

Les forêts sacrées sont sollicitées, d’une part, pour ensevelir les princes, c’est-à-dire les fils des rois, et d’autre part, pour entrer en contact avec les dieux. Suivant les explications d’un notable de la chefferie Bangou, les humains vont à la rencontre des ancêtres par l’entremise des incantations savamment orchestrées par des personnes aguerries. Ces ancêtres seront alors chargés d’intercéder auprès des dieux afin qu’un problème précis de la chefferie concernée trouve une résolution adéquate.

Il peut s’agir des questions de procréation, de développement du royaume ou de la chefferie, ou de protection des populations d’une maladie endémique en gestation et décelée par les fins limiers de la tradition. Des choses vues et entendues dans certains villages de la région de l’Ouest-Cameroun, il ressort que des pratiques faites dans ces forêts ne se racontent pas de peur de subir la colère des ancêtres.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 02/07/2022 à 13h53, mis à jour le 02/07/2022 à 14h11