Congo: Risque de faillite d'un État

Plateforme pétrolière

Plateforme pétrolière

Le 30/07/2016 à 17h37, mis à jour le 01/08/2016 à 01h08

Étant assis sur une manne pétrolière, le Congo-Brazzaville a théoriquement tout ce qu'il faut pour faire face à ses engagements. Malheureusement, le pays aurait vendu une bonne partie de sa production à venir. Le défaut de paiement de ce vendredi pourrait être suivi par d'autres.

Vendredi 29 juillet, les autorités congolaises ont dû recevoir un coup de massue en découvrant la dégradation de la note de leur risque crédit. Pourtant, beaucoup d'observateurs affirment ne pas être surpris par une telle note. En effet, depuis quelque temps, les signes se sont multipliés laissant penser que la situation financière est catastrophique.

Des entreprises françaises non payées 

"En fin de mission au Congo, l'ambassadeur de France, Jean Pierre Vidon, lors d'une réception faisant office d'adieux, en mai 2016, avait alerté les autorités congolaises sur cette situation des entreprises françaises qui peinent à se faire payer leur prestation". Cette information a été relayée par l'agence d'information chinoise pour une raison simple: les entreprises chinoises non plus ont des problèmes à recouvrer leurs créances auprès de l'Etat du Congo. Et l'agence Xinhua de poursuivre: "selon des indices, les premières entreprises touchées par cette crise sont les filiales du groupe Société nationale de pétrole du Congo (SNPC)". Toujours selon, cette agence, la Société de forages pétroliers (SFP) et la Société nationale de recherches pétrolières (SONAREP) ont été parmi les plus touchées, mais également les partenaires du groupe SNPC.

Deux mois sans salaires

"Les employés de la SONAREP (filiale de la SNPC) avaient connu, en avril et mai derniers, deux mois sans salaire, tandis que ceux dépêchés sur le projet Mengo-Kundi-Bindi en étaient à leur sixième mois inclus sans solde", avait indiqué à Xinhua un employé sous l'anonymat, au moment où l'enquête était menée en mai dernier.

Il se murmure dans les salons de Brazzaville que Calixte Ganongo, le nouveau ministre des finances congolais se serait plein d'avoir hérité de caisses vides. Son seul souci a été de trouver les fonds nécessaires pour décanter une situation financière explosive.

Vente de la production à venir 

Par ailleurs, selon Africa Intelligence, la SNCP a vendu, avant de les produire, quelque 5,7 millions de barils de pétrole à une petite société de trading émiratie, en l'occurrence, Worldwide. Pour ce pétrole de qualité Djeno ou Nkossa, Worldwide aurait payé 359 millions de dollars. Ce ne représente que trois semaines de production. Cependant, certaines sources affirment que de telles opérations ont été réalisée en grand nombre. De sorte que, une bonne partie de la production congolaise des quatre prochaines années aurait déjà été cédée.

C'est dire que ce premier défaut de paiement pourrait être suivi par beaucoup d'autres. Car, faut-il le rappeler, tout l'argent congolais est d'origine pétrolière. Le secteur contribue à hauteur de 90% des exportations, 75% des recettes publiques et 60% du PIB. L'impact de la crise pétrolière sur le Congo, quatrième plus grand producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, ne fait que commencer.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/07/2016 à 17h37, mis à jour le 01/08/2016 à 01h08