Tout le monde le craignait, mais c’est finalement arrivé: le Programme d’ajustement structurel (PAS) est bel et bien de retour. Le Fonds monétaire international a finalement accepté de prêter à l’Egypte les 12 milliards de dollars nécessaires à sa relance, sur les trois prochaines années. Le gouvernement d’Al-Sissi espère que les fonds permettront de redresser l’économie chancelante de l’un des pays africains les plus peuplés, après le Nigéria.
Le FMI, cité par ABC News, a affirmé que le prêt, soumis à un accord préalable de son conseil d’administration, "vient soutenir le programme de réformes du gouvernement, lequel vise à diminuer le trafic de devise dans le marché noir, réduire le déficit budgétaire et la dette publique, tout en créant des emplois et en dopant la croissance".
Une hausse de 25% des prix de l’électricité
Mais en réalité, il s’agit de mettre en œuvre une batterie de mesures dont les détails donnent froid au dos. Et c’est le FMI qui en donne les détails, aujourd’hui, jeudi 11 août 2016.
"L’Egypte est un pays fort avec un grand potentiel, mais elle a des problèmes qui demandent d’agir avec urgence", selon une déclaration du FMI. Mais pour le FMI, ce programme de mesures imposées au gouvernement en contrepartie des 12 milliards de dollars comprend "des prélèvements fiscaux plus élevés et une suppression des subventions", comme le360frique.ma l’annonçait. Cela ne s’arrête pas là. Car l’Egypte est également obligée "d’augmenter le prix de l’électricité d’au moins 25%, une hausse nécessaire pour la suppression totale des subventions d’ici 2019", ajoute le FMI.
Des conséquences désastreuses
Aujourd’hui, les observateurs craignent que de telles mesures ne viennent résoudre certains problèmes, tout en en créant d’autres. Car, ce programme d’ajustement structurel qui ne dit pas son nom n’est pas bien différent de ceux qu'avaient mené, dans les années 1980, les pays africains au bord du gouffre. Avec de telles, il sera impossible à l’Egypte de maintenir l’inflation à moins de 10% dans les cinq prochaines années.
La livre égyptienne qui doit également être dévaluée de 23% pour passer de 8,87 à 11,60 dollars l’unité se dépréciera davantage. Pour un pays qui importe plus qu’il n’exporte, ce n’est certainement pas une bonne nouvelle, car les prix des denrées importés continueront de flamber.
Tout cela devrait créer une pression sociale telle que le gouvernement et les entreprises devront procéder à une augmentation des salaires, s’ils veulent maintenir le pouvoir d’achat des fonctionnaires et des salariés du privé. Par conséquent, la réduction des déficits jumeaux, du budget et de la balance des paiements, ne sera qu’une illusion. Autant en coclure que l’Egypte n’est pas sortie du tunnel.