C’est la sécheresse la plus grave dans la région d’Afrique australe depuis presque un siècle. Elle a déjà entraîné une importante accélération de l’inflation des produits alimentaire en Afrique du sud. Et en ce début de printemps austral, toute l’Afrique du sud retient son souffle en attendant les premières pluies, qui pourront ressusciter l’espoir après de longs mois de sécheresse.
L’impact est palpable partout. Dans les grands centres urbains comme Johannesburg, capitale économique et financière du pays, les autorités appellent à la rationalisation de la consommation de l’eau.
Dans les grandes réserves naturelles, le niveau d’eau dans les rivières est bas et la végétation commence à se raréfier, une situation qui risque de décimer la faune, véritable richesse touristique du pays.
Les services météorologiques ont mis en garde que la pluviométrie durant ce printemps sera inférieure à la moyenne, une conclusion qui accentue les craintes des fermiers et des autorités.
Une nouveau cycle de sécheresse risque d’empirer la situation dans le pays, où 8 provinces sont déclarées zones sinistrées, indique John Purchase, président de la chambre sud-africaine de l’Agriculture.
La sécheresse, qui sévit depuis l’année dernière, a déjà décimé la production du maïs, principale culture du pays, ce qui contraindra les autorités à recourir à l’importation dans une conjoncture marquée par un affaiblissement des finances publiques et une dégringolade continue du rand, la monnaie locale, face au dollar américain.
En juillet dernier, l’organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a tiré la sonnette d’alarme quant à la gravité de la situation dans toute l’Afrique australe.
Selon l’agence onusienne, près de 23 millions de personnes en Afrique australe ont besoin d’une aide urgente pour se nourrir et éviter d’être dépendants de l’aide humanitaire jusqu’à la mi-2018.
Au moins 109 millions de dollars sont nécessaires pour fournir cette aide urgente, indique la FAO, soulignant que la sécheresse pourrait gravement affecter la sécurité alimentaire et nutritionnelle et les moyens d’existence de la région.
Ainsi, 40 millions de personnes dans la région devraient se retrouver en situation d’insécurité alimentaire au début de l’année 2017. Tous les pays d’Afrique australe, y compris l’Afrique du sud, sont concernés.
Le patron de la chambre sud-africaine de l’agriculture estime que la sécurité alimentaire en Afrique du sud n’est pas directement menacée pour l’instant.
Le responsable s’attend à un allègement des prix des produits alimentaires en octobre prochain.
Un rapport publié en juillet dernier par le cabinet londonien d’intelligence économique, l’Economist Intelligence Unit, a estimé que l’Afrique du sud jouit du degré le plus élevé de sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne.
Cependant, des analystes locaux argumente que l’actuelle sécheresse aura un impact sur le classement de l’Afrique du sud en 2017.
Ces analystes expliquent la résilience relative dont l’Afrique du sud a fait montre face à cette grave sécheresse par l’excellente technologie et les infrastructures dont jouit le pays.
Le gouvernement de Pretoria tente de trouver les réponses appropriées, en dépit de la crise économique qui affecte le pays avec une croissance nulle prévue pour cette année.
Le vice-Président Cyril Ramaphoza a assuré lundi que le département de l’agriculture a mis en place un plan d’appui au secteur agricole avec un reprofilage des fonds alloués.
Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour éviter toute menace à la sécurité alimentaire du pays, a dit le responsable, qui a reconnu l’impact énorme de la sécheresse sur les prix des produits alimentaires.
La part de ces produits représente désormais près de 60% du revenu mensuel des ménages pauvres, selon une étude publiée récemment, qui met en garde contre le coût social de cette sécheresse qui semble interminable.