Nigéria: le géant qui meurt de faim

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Le 12/09/2016 à 08h39, mis à jour le 04/02/2017 à 10h08

Le Nigéria importe la quasi-totalité de ses besoins en riz, mais également en sucre. Il dépense désormais plusieurs milliards de dollars, alors que la crise s'installe. Dans 35 ans, comment nourrira-t-il une population de 450 millions d'habitants?

Au moment où beaucoup de pays se battent pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, le Nigéria est à la traîne. Au total, le géant ouest-africain importe quelque 22 milliards de dollars de denrées alimentaires, soit 13.090 milliards de Fcfa, a reconnu le ministre de l’Agriculture et du développement rural nigérian, Sénateur Heineken Lokpobiri. Dans le nord du pays, un drame est en train de se jouer avec plusieurs millions d'enfants menacés de mort par la malnutrition, selon les ONG. 

Chute du naira

Parmi ces biens achetés hors du pays, il y naturellement le riz, mais également le sucre, dont le Nigéria est l’un des plus gros importateurs africains. Le problème, c’est que l’évolution des cours internationaux n’est pas favorable. De plus, le naira, la monnaie nigériane est en forte baisse par rapport au dollar, un recul de plus du tiers de sa valeur sur le marché officiel.

Le Nigéria n’a pas profité de la manne pétrolière pour investir dans son agriculture. Ce n’est que récemment qu’un programme a été mis en place pour la canne à sucre. Il s’agit surtout d’une mesure dictée par la conjoncture, puisque cette année, la production mondiale de sucre est largement inférieure à la demande. Du coup, les prix devraient s’envoler et le consommateur nigérian ne pourrait pas suivre.

Un sac de riz à 127 dollars pour bientôt

Pour le riz, le sac de 50 kilos pourrait atteindre 40.000 nairas, soit quelque 127 dollars, une fortune si l’on sait qu’une famille moyenne peut consommer plus d’un sac par mois et que le revenu minimum n’est que de 119 dollars par mois. Il y a juste quelques mois, le prix du sac n’était que de 12.000 nairas, donc largement accessible. Mais aujourd’hui, il est passé à quelque 26.000 nairas, évoluant au gré de la dépréciation de la devise locale.

Si rien n’est fait, le pays devrait faire face à de plus en plus de problèmes alimentaires, au vu de sa population jeune et en très forte croissance. A l’horizon 2050, le Nigéria pourrait compter 450 millions d’habitants, estiment les démographes.

Le pays ne compte que sur le pétrole. Même les agriculteurs se sont transformés en trafiquants de carburant. Ils siphonnent les pipelines pour en extraire le carburant, ce qui occasionne des fuites qui polluent les réserves en eaux dans le Delta du Niger et sur les rives du fleuve Ogoni. Les experts estiment qu’il faut autour d’une vingtaine d’années pour procéder au nettoyage des eaux afin de la rendre utilisables pour l’agriculture. Un énorme gâchis.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 12/09/2016 à 08h39, mis à jour le 04/02/2017 à 10h08