Croissance: Nigéria et Afrique du Sud plombent encore le continent, selon la Banque mondiale

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Le 30/09/2016 à 16h20, mis à jour le 30/09/2016 à 17h27

Au moment où les cours des matières premières leur garantissaient de confortables revenus, ils n'ont que peu investi pour diversifier leurs économies. Résultat: leur croissance s'est atrophiée. Certains pays viennent sauver la mise, mais c'est insuffisant. De douloureuses réformes les attendent.

Voilà une nouvelle prévision qui revoit à la baisse la croissance africaine La Banque mondiale, dans son rapport semestriel Africa’s Pulse consacré à l’Afrique, prévoit désormais un taux de croissance du PIB africain de 1,6%. En juin, le taux prévisionnel était de 2,4% et en janvier, il était de 2,9%. A ce rythme, on risque de se retrouver avec une récession avant la fin de l’année. 1,6% c’est le taux le plus bas jamais enregistré par le continent depuis 20 ans.

Pas de redressement à court terme

Si aucune perspective de redressement ne se dessine à très court terme, c’est parce que le continent est tiré vers le bas par les mastodontes que sont l’Afrique du Sud et le Nigéria, souligne la Banque Mondiale dans un communiqué rendu public hier jeudi 29 septembre 2016. Ces derniers "subissent toujours les contrecoups de la chute des cours des matières premières". Et comme les agences de notations ne sont tendres ni avec le Nigéria, ni avec l’Afrique du Sud, ils doivent faire face à des conditions de financement plus sévères, note toujours la Banque Mondiale.

Le quart des pays pour sauver la mise

Heureusement que tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. En effet, près d’une quinzaine de pays continue à connaître une forte croissance, mais la taille relativement modeste de leur produit intérieur brut limite à l’impact à l’échelle du continent. L’Ethiopie, le Rwanda et la Tanzanie, par exemple, ont une croissance annuelle supérieure à 6%. Quant à la Côte d’Ivoire et au Sénégal, ils sont cités parmi les économies les plus performantes du continent. Evidemment, ce n’est pas le fruit du hasard. La principale raison, c’est que les pays qui ont une forte croissance ont une économie plus diversifiée et sont surtout mieux gérés sur le plan macroéconomique.

Ils "disposent d’un cadre de gestion macroéconomique plus solide et d’une réglementation plus favorable aux activités commerciales. Leurs exportations sont aussi plus diversifiées et leurs institutions plus efficaces », a souligné Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique.

Pas de reprises des matières premières à court terme

La mauvaise nouvelle pour les économies basées sur les matières premières, c’est que les cours internationaux devraient restés bas. Il n’est pas question de retrouver les niveaux records de 2011 à 2014, estime toujours les économistes de l’institution financière international. En 2017, le continent risque de en connaitre qu’une reprise modeste: un taux de croissance du PIB de 2,9%. Une année plus tard, la croissance ne sera que de 3,6%.

Par contre, les pays qui connaissent une très forte progression de leur valeur ajoutée continueront sur leur lancée, notamment "grâce aux investissements dans les infrastructures". Les économies à bases de matières premières veulent renouer avec la croissance. Il leur faudra "procéder à des ajustements structurels plus importants pour réduire leurs déficits budgétaires et extérieurs et mieux résister aux chocs économiques", estime les auteurs du rapport.

De douloureuses réformes

Il s’agira d’adopter de douloureuses réformes macroéconomiques que malheureusement des pays comme le Nigeria ne pourront pas consentir. Le déséquilibre budgétaire est tellement énorme qu’il est quasiment impossible d’un venir à bout à moyen terme. Ces pays à matières premières ont malheureusement tous augmenté les salaires de manière inconsidérés, sans penser réellement à investir dans la diversification de leur économie.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/09/2016 à 16h20, mis à jour le 30/09/2016 à 17h27