Nigeria: MTN explique pourquoi il a transféré illégalement 13,8 milliards de dollars

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Le 21/10/2016 à 17h28, mis à jour le 21/10/2016 à 17h32

Le géant des télécommunications sud-africain, accusé d’avoir transféré illégalement 13,8 milliards de dollars du Nigeria vers l’Afrique du Sud a été entendu ce vendredi. Pas sûr que ses explications convainquent les parlementaires nigérians qui avaient ouvert l'enquête.

Kiosque Le360 Afrique. MTN affirme que s’il n’a pas observé la loi en ne fournissant pas le "Certificate of Capital Importation (CCI)", autorisant les transferts de devises 24h avant l’opération, c’est parce qu’il s’agissait de simple document administratif. A l’ouverture des auditions dans le cadre des enquêtes sur ces transferts menées par la commission bancaire et financière du Sénat nigérian, MTN a affirmé que des "circonstances échappant à son contrôle" l’ont poussé à transférer les fonds en ne respectant pas la loi. L’information est rapportée par Premium Times, un quotidien nigérian à grand tirage.

Le sénateur Dino Melaye, avait accusé le 27 septembre dernier, MTN d’avoir violé la réglementation nigériane sur le change et les transferts de devises qui exigent l’obtention d’un CCI 24h au préalable, avant toute opération de transfert extérieur. Melaye avait notamment affirmé que les opérations douteuses avaient été réalisées entre 2006 et 2016 en connivence avec le ministre du Commerce et des investissements de l’époque, Okechukwu Enelamah et quatre banques commerciales, à savoir Standard Chartered Bank, Stanbic IBTC, Diamond Bank et Citi Bank.

Le certificat en question est exigé par divers textes de la Banque centrale du Nigeria. Cependant, le PDG de MTN Nigeria, Ferdi Moolman, a simplement affirmé "qu’il était pratiquement impossible d’obtenir le fameux sésame 24h avant de réaliser les opérations de transferts de devises, comme l’exige la loi". Selon lui, "dans de telles conditions, la Banque centrale est souveraine et nous pensions qu’elle avait autorisé les banques à fournir les documents au-delà de la limite exigée".

"Souvent, pour diverses raisons, comme une pièce à fournir, il est impossible d’obtenir le CCI en 24h, et l’Office des change nous demandait simplement de nous référer à la Banque centrale pour approbation", a-t-il ajouté. Selon lui, aucun dividende n’était payé ou même déclaré avant que le CCI n’ait été finalisé.

Quoi qu’il en soit, selon Bloomberg, dès le début des auditions, le cours de MTN a plongé à la bourse de Johannesburg, atteignant son plus bas niveau des 6 dernières années. Le titre a perdu 2,3% à 107,5 rands à la clôture du vendredi 21 octobre, un niveau jamais égalé depuis 2010. C’est dire que les investisseurs non plus n’ont pas été convaincu par les justifications de MTN.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 21/10/2016 à 17h28, mis à jour le 21/10/2016 à 17h32