Burkina Faso: la grogne atteint le secteur de la poissonnerie

les quantités importées de poissons sont en nette croissance sur les 5 dernières années, avec plus de 42 000 tonnes

les quantités importées de poissons sont en nette croissance sur les 5 dernières années, avec plus de 42 000 tonnes. DR

Le 24/03/2017 à 18h36

Grèves tous azimuts, protestations par ci et par là, la fièvre de l’exaspération s'étend cette cette fois-ci au secteur de la poissonnerie au Burkina Faso. Un groupement local de commerçants importateurs de poisson crie à la «concurrence déloyale» qui le frappe de plein fouet.

Selon les statistiques officielles, les quantités importées de poisson sont en nette croissance sur les 5 dernières années, avec plus de 42.000 tonnes en 2013 au Burkina Faso. Les importateurs de poissons s’approvisionnent en grande partie auprès de la Chine et des pays d’Amérique du Sud, notamment le Chili et l’Argentine. En Afrique, les pays fournisseurs du Burkina sont la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et la Côte d’Ivoire. Mais il s’avère que la majeure partie du poisson est importée par Harouna Dia, DG de la société HARD Sarl, qui travaillerait depuis un certain temps à ruiner les autres importateurs dans un système de concurrence déloyale. 

C’est pourquoi, le groupement des commerçants importateurs de poisson au Burkina Faso est monté au créneau pour dénoncer cette «concurrence déloyale» qui conduit depuis un certain temps à la fermeture de nombreuses entreprises opérant dans ce secteur. Pour Ousmane Tenkodogo, premier responsable de la structure, nombreux sont les commerçants qui en ont fait les frais. Certains seraient en faillite et leurs biens auraient été saisis par la Justice.

«Le Burkina a énormément souffert du régime Blaise Compaoré, qui avait pour objectif d’opprimer les commerçants honnêtes et aider les commerçants véreux», a martelé Ousmane Tenkodogo. Pour le groupement des commerçants, la stratégie de Harouna Dia est d’acheter le poisson au même prix que les autres et puis de le revendre à perte pour contraindre les autres commerçants à faire faillite afin d’être le maître à bord.

Ousmane Tenkodogo estime qu’aujourd’hui les Burkinabè ont hérité d’un régime plus démocratique où la liberté d’expression s'étend. C’est pourquoi, dit-il, il est temps d’interpeller les autorités afin qu’elles trouvent une solution à cette affaire, en donnant tout son sens à cette maxime qui dit que «plus rien ne sera comme avant».

Par ailleurs, très remonté, le premier responsable du groupement des commerçants importateurs de poisson au Burkina Faso a indiqué que cette conférence de presse n’est que le début d’une lutte pour la normalisation du secteur. Aussi, il laissé entendre, à l’issue de la rencontre, que si rien n’est fait dans les jours à venir, ils vont battre le pavé pour exprimer leur ras-le-bol.

Nombreux sont ces importateurs dans la ville de Ouagadougou, qui trouvent que cette situation est très grave et n’a que trop duré. Ils pensent que Harouna Dia ne fait que s’enrichir sur le dos des Burkinabè et que l’Etat gagnerait à s’impliquer dans cette affaire en fixant le prix du poisson pour éviter le pire.

Le principal accusé dans cette affaire estime, lui, qu’il n’y a pas de monopole dans le domaine de la poissonnerie au Burkina, dans la mesure où les acteurs qui y exercent sont nombreux.  Le promoteur de la société Hard Sarl, d’origine sénégalais, note qu’au départ le poisson était un produit de luxe, tant le prix était élevé. Et que c’est contre vents et marées qu’il a pu se positionner sur le marché du poisson, où il a oeuvré pour que le prix de cette denrée tres consommée baisse régulièrement. Il ajoute d’ailleurs, que le marché est libre et concurrentiel et qu’il a commencé ses activités au Burkina Faso en 1998.

Le 24/03/2017 à 18h36