Nigeria: un énième scandale de 25 milliards de dollars à la compagnie pétrolière nationale

Muhammadu Buhari a rencontré son secrétaire d'Etat au Pétrole au sujet de ce scandale.

Muhammadu Buhari a rencontré son secrétaire d'Etat au Pétrole au sujet de ce scandale.. DR

Le 07/10/2017 à 12h07, mis à jour le 07/10/2017 à 12h37

Après avoir promis de mener "la guerre contre la corruption", le président nigérian Muhammadu Buhari est éclaboussé par un scandale visant l'un de ses proches, après la fuite d'une lettre du secrétaire d'Etat au Pétrole dénonçant des malversations au sein de la compagnie pétrolière nationale.

Dans une lettre adressée personnellement au président Buhari mais qui a été dévoilée dans la presse locale, Emmanuel Ibe Kachikwu, dresse une liste de cinq contrats d'une valeur de 25 milliards de dollars "signés sans aucune connaissance ni approbation du conseil d'administration de la NNPC (Nigerian National Petroleum Corporation)".

"Et il y en a beaucoup d'autres votre Excellence", tranche l'auteur de la lettre.

Lui-même occupait le poste de directeur de la société d'Etat en plus de son poste au gouvernement, avant d'être évincé en 2016 par le président Buhari qui y a placé l'un de ses proches, Maikanti Kacalla Baru.

Selon M. Kachikwu, ce nouveau directeur a réinstauré un "climat de peur", une "non-transparence", et le tribalisme au sein de la NNPC.

La compagnie pétrolière nationale est historiquement réputée pour être la caisse noire de tous les gouvernements démocratiques ou militaires qui se sont succédé à la tête du premier producteur de pétrole d'Afrique. Une caisse colossale.

Selon Benjamin Augé, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales, "le volume vendu par la NNPC représente plus de 50% du volume total - d'environ 2 millions de barils/jour - produit dans le pays", à travers ses joint-ventures avec les grandes compagnies internationales (Shell, Total, ExxonMobil, Chevron, ENI,..).

Le "cancer" de la corruption 

En 2014, le gouverneur de la Banque Centrale, Lamido Sanusi, avait mis au jour l'un des plus gros scandales de corruption du pays, dénonçant la disparition de 18 milliards de dollars des caisses de l'Etat, entre 2012 et 2013.

M. Sanusi a été évincé par le pouvoir, mais c'est sûrement ce même scandale, et les accusations de pillages à grande échelle, qui ont fait perdre Goodluck Jonathan à la présidentielle de 2015, face à Muhammadu Buhari, réputé pour sa droiture.

Le président Buhari avait assuré vouloir mettre fin au "cancer de la corruption" et s'était d'ailleurs arrogé le poste de ministre du Pétrole en plus de son rôle de chef de l'Etat, pour surveiller le secteur lucratif.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 07/10/2017 à 12h07, mis à jour le 07/10/2017 à 12h37