Cameroun. Radioactivité: la mort lente et silencieuse des villageois

Les villageois ne profitent pas des retombées de l'exploitation minière, mais ils sont les premiers à en subir les conséquences néfastes.

Les villageois ne profitent pas des retombées de l'exploitation minière, mais ils sont les premiers à en subir les conséquences néfastes.. DR

Le 29/11/2017 à 10h00, mis à jour le 29/11/2017 à 10h12

Selon une étude menée par des chercheurs camerounais et japonais, la radioactivité dans certains villages riverains de gisements miniers, notamment les sites de production de l’uranium, est supérieure à la moyenne mondiale.

Même si le Cameroun ne dispose pas d’installations nucléaires, les populations locales sont exposées à la radioactivité. C’est la conclusion d’une étude menée par l’Institut de recherches géologiques et minières du Cameroun (IRGM), avec la collaboration des chercheurs de l’université de Hirosaki au Japon. Cette radioactivité «naturelle», selon les chercheurs, est particulièrement forte dans la localité de Poli dans le nord du pays, où se trouve un gisement d’uranium.

«Nous avons trouvé un niveau radioactif extrêmement élevé, avec des doses qu’on retrouve généralement dans des zones où il y a eu un accident nucléaire», déclare le Pr Saïdou, chercheur camerounais à l’IRGM. Idem à Lolodorf dans le sud, où la radioactivité est supérieure à la moyenne mondiale. Certains villages habités ne sont du reste pas très loin des sites mentionnés, notamment à Poli où la «radioactivité est plus élevée que la moyenne mondiale mais reste acceptable» selon les chercheurs.

Une exposition qui induit des risques sanitaires, notamment en matière de cancers radio-induits du poumon suite à l’inhalation de ces gaz radioactifs. Ceci, d’autant plus que, de sources médicales, 3 à 14% des cas de cancer du poumon sont dus aux rayonnements radioactifs. «L'année prochaine, notre institut, en collaboration avec l’AIEA, portera un projet pour créer un Plan national Radon». Dans le cadre de ce plan, des mesures pourraient être prises comme la prescription de matériaux et de normes de construction en fonction de la spécification géologique des emplacements. Coût du projet: 100.000 euros. L’étude a aussi pris en compte certains sites aurifères ou de production de bauxite où le taux de radiation a été jugé acceptable.

Une vingtaine de gisements d’uranium seraient actuellement recensés au Cameroun. Les deux principaux étant ceux concernés par les études, avec des réserves estimées à un peu plus de 10.000 tonnes chacun selon des experts.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 29/11/2017 à 10h00, mis à jour le 29/11/2017 à 10h12