CEEAC: un trou de 40 milliards francs CFA dans les caisses

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Le 16/02/2018 à 09h16, mis à jour le 16/02/2018 à 10h51

Les pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale accumulent les arriérés de contribution depuis trois ans. Une situation qui constitue un frein à la pleine réalisation du mandat assigné à l’institution engagée dans le processus d’intégration régionale.

La Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) totalise plus de 40 milliards de francs CFA (61 millions d'euros) d’arriérés de contributions. Soit près de trois années de cotisations des Etats membres.

«L’institution fait face à un problème de sous-financement chronique qui s’aggrave au fil des temps. Le taux de recouvrement des contributions des Etats membres est en baisse régulière. Il est passé de 73% en 2013 à 11% en 2017», a déclaré le conseiller du secrétaire général de la CEEAC en charge de la réforme institutionnelle, Mangaral Bante.

Ce dernier s’exprimait à cet effet à l’ouverture de l’atelier régional de validation du rapport provisoire de l’étude d’évaluation du mécanisme de financement autonome de la Communauté, tenu les 13 et 14 février courant dans la capitale tchadienne N’Djamena.

En vue de faire face aux nombreux défis de l’intégration en Afrique centrale, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC ont convenu en 2002 de créer un nouveau mécanisme de financement des activités de la Communauté, intitulé la Contribution communautaire d’intégration (CCI).

La CCI est assise sur un cordon douanier ou un prélèvement dont le taux est de 0.4% de la valeur en douane des importations hors Communauté. «L’objectif était de trouver une solution durable au déficit en ressources financières qui constitue l’un des obstacles majeurs à la réalisation du mandat de la CEEAC», justifie l’institution. La CCI devait en effet permettre à l’institution de mobiliser des ressources permanentes et suffisantes pour atteindre les objectifs fixés dans le Traité instituant la CEEAC.

Hélas, ces ressources ne sont pas fréquemment mises à la disposition de l’institution. «Le stock des arriérés de contribution augmente à raison de 5 milliards de francs CFA par année», regrette la CEEAC. A ce jour, le constat est que la quasi-totalité des Etats membres n’applique pas le dispositif prévu pour la mise en œuvre effective de la CCI.

En 2017, seuls le Gabon et le Congo étaient à jour de leurs cotisations, apprend-on. Certains pays comme le Cameroun et la Guinée équatoriale (les deux plus gros contributeurs) s’acquittent plus ou moins des leurs.

L’année dernière, les Etats membres ont été invités à s’acquitter régulièrement de leurs contributions, lors de la 7e session extraordinaire du conseil des ministres de la CEEAC tenu du 25 au 29 mai 2017 à Libreville, au Gabon. Une condition essentielle pour garantir la mise en œuvre des réformes institutionnelles de la CEEAC, notamment son processus d’intégration régionale en Afrique centrale.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 16/02/2018 à 09h16, mis à jour le 16/02/2018 à 10h51