Cameroun: le ras-le-bol des populations au sujet des délestages

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Le 22/07/2018 à 09h16, mis à jour le 22/07/2018 à 09h34

Le rationnement de l’énergie électrique et le manque de communication de l’entreprise concessionnaire du service de l’électricité et en charge de la distribution irrite les consommateurs. Ils ne comprennent pas pourquoi le pays souffre de déficit malgré son énorme potentiel hydroélectrique.

Cette semaine, les populations de la ville de Bertoua, capitale de la région de l’Est, ont exprimé leur mécontentement au sujet du rationnement de l’énergie électrique. Des délestages devenus plus prolongés, la fourniture d’électricité ne durant que peu de temps lorsque la ville était réalimentée. Mercredi 18 juillet 2018, les habitants sont sortis dans la rue pour exprimer leur exaspération, bloquant des axes routiers névralgiques.

Compte tenu du contexte sociopolitique actuel très compliqué dans le pays, les autorités ont pris des mesures urgentes afin d’éviter une escalade et ramener la situation à la normale. Depuis lors, la ville est à nouveau réapprovisionnée de façon permanente en énergie électrique. Mais même certaines grandes villes du pays ne sont pas épargnées. La région de l’Est est alimentée par six centrales thermiques fonctionnant au gasoil.

«Les difficultés liées à l’approvisionnement en gasoil des centrales (qui alimentent Bertoua et la région de l’Est) ont induit des perturbations dans la fourniture de l’énergie aux populations dans cette région ces derniers jours. La colère est légitime et pour apporter des solutions immédiates à cette situation préoccupante, 113 m3 de gasoil ont été réceptionnés. Le gouvernement a donné instructions à ENEO (concessionnaire du service de l’électricité, NDLR) et à ses fournisseurs pour assurer un approvisionnement régulier de ces centrales», explique le ministre de l’Eau et de l’énergie, sur les ondes de la radio nationale.

Par ailleurs, la commande d’un générateur supplémentaire de 5 mégawatts de puissance est prévue. Il doit être livré en septembre 2018 pour renforcer la puissance installée dans cette région.

Mais le thermique coûte cher. La centrale de Bertoua à elle seule consomme 40m3 de gasoil par jour, ce qui coûte près de 20 millions de francs CFA. Aussi, à moyen terme, le gouvernement poursuit-il la construction de l’usine de pied du barrage de Lom Pangar et la construction de la ligne Yaoundé-Abong-Mbang, permettant de relier le réseau interconnecté Est au réseau interconnecté Sud.

Plus largement, à terme, l’objectif du gouvernement est de basculer dans l’hydroélectricité qui coûte moins cher, et dont le potentiel dans le pays est conséquent. En témoignent les nombreux barrages en construction au Cameroun.

A ce titre, du côté du gouvernement, l’on appelle les populations à la patience. «Le gouvernement fait tout son possible pour mettre fin aux délestages. Dans un premier temps, il a tout mis en œuvre pour la construction du barrage de Lom Pangar pour arrêter le délestage lié à la production. Depuis que celui-ci fonctionne, il n’y a plus de pénurie d’eau au barrage de Song-Loulou. On a même un surplus. Mais il reste des coupures d’électricité liées à deux autres volets de la production d’électricité. C’est le réseau de transport sur lequel la Société nationale de transport d’électricité (SONATREL) est en train de travailler et le réseau de distribution», analyse Théodore Nsangou, le DG d’Electricity Development Corporation (EDC).

Le barrage de Memve’ele sera mis en service bientôt et la construction de l’usine de pied du barrage de Lom-Pangar devrait débuter dans les prochains jours. En attendant, les populations vont devoir prendre leur mal en patience.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 22/07/2018 à 09h16, mis à jour le 22/07/2018 à 09h34