Un grand "ouf" de soulagement pour les dirigeants de six banques ghanéennes. Ces dernières étaient sur le point de déclarer faillite, du fait qu’elles n’ont pu se conformer aux nouvelles exigences en matière de capital minimum, soit 400 millions de cédis, soit plus de 83 millions de dollars, désormais exigé par les autorités monétaires ghanéennes depuis le 1er janvier 2019.
En effet, afin de renforcer la solidité du secteur bancaire ghanéen, la Banque centrale du Ghana avait formulé, fin 2017, une nouvelle exigence selon laquelle toutes les banques devraient atteindre un capital minimum libéré de 400 millions de cédis, à partir du 1er janvier 2019, contre 120 millions de cédis auparavant.
Cette décision avait pour but de consolider les fonds propres des banques ghanéennes et d’améliorer leur contribution au financement de l’économie du pays.
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Cette exigence vise ainsi à assurer la stabilité du secteur financier ghanéen, dans un contexte caractérisé par l’explosion des prêts.
Face aux difficultés des banques à atteindre cet objectif, et afin d’éviter que certains établissements ne mettent la clé sous la porte, avec les conséquences désastreuses qui auraient pu en découler, le gouvernement ghanéen a décidé de soutenir six banques, qui risquaient de fermer. A chacune de ces six institutions financières, plus de 400 millions de dollars ont ainsi été alloués.
Cette injection de fonds vise à sauver ces banques locales, jugées solvables mais qui sont dans l’incapacité de rassembler le capital minimum nécessaire exigé par la Banque centrale. Les montants en question ont principalement été prélevés sur les fonds de pension.
Cette mesure draconienne d'augmentation du capital des banques ghanéennes entre dans le cadre de la restructuration du secteur bancaire ghanéen, dans le but de renforcer la protection des fonds des épargnants.
En outre, avec cette mesure, le régulateur monétaire souhaite ainsi faciliter la mise en œuvre des protocoles internationaux de Bâle II et Bâle III.
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Cette intervention des autorités monétaires ghanéennes a toutefois soulevé de nombreuses critiques. Certains pensent en effet que les autorités devraient laisser le secteur se restructurer de lui-même, jugeant le nombre pléthorique des banques au Ghana temporaire, et la nécessité que certaines d’entre elles fusionnent, pour devenir plus solides, inéluctable. Ces experts financiers critiquent aussi, par ailleurs, une mauvaise supervision et une mauvaise gestion du secteur bancaire ghanéen.
Toutefois, et justement à cause de la fragilité du secteur bancaire, la Banque centrale ghanéenne encourage fortement les banques à la concentration.
Ainsi, 5 banques commerciales locales ont été poussées à fusionner en une seule unité, formant désormais la Consolidated Bank Ghana Ltd.
D’autres ont entre-temps fait faillite ou fusionné, réduisant ainsi le nombre d’établissements bancaires au Ghana de 36 à 23 au cours de l’année dernière. Mais ce nombre reste encore largement pléthorique, pour une population estimée à 30 millions d’habitants dans le pays.
Ce processus de consolidation du secteur bancaire aurait coûté 12 milliards de dollars au Ghana.
Désormais, grâce à la capitalisation des excédents, à l’injection de fonds propres et à l’apport de fonds privés, les 23 banques commerciales restantes dont Bank of Africa, filiale du groupe marocain BMCE Bank of Africa, respectent toutes le nouveau capital minimum exigé par la Banque centrale.