Afrique du Sud: les investisseurs inquiets à cause du débat politique sur l'avenir de la Banque Centrale

Lesetja Kganyago, gouverneur de la Banque centrale d'Afrique du Sud.

Lesetja Kganyago, gouverneur de la Banque centrale d'Afrique du Sud. . DR

Le 24/07/2019 à 12h30, mis à jour le 24/07/2019 à 12h34

Le débat politique qui fait rage depuis mai dernier en Afrique du Sud sur le rôle et la place de la Banque centrale du pays accentue l’incertitude parmi les investisseurs, a mis en garde, mercredi, le gouverneur de cette institution, Lesetja Kganyago.

«Ce débat est plus dommageable pour notre économie. Il envoie des messages aux investisseurs, nationaux et étrangers, que notre cadre macroéconomique est en péril», a déclaré Kganyago lors d’une conférence à Pretoria.

Une faction du Congrès national africain (ANC/au pouvoir) appelle à l’élargissement du mandat de la Reserve Bank pour inclure la dynamisation de la croissance économique et la création d’emplois en plus de la stabilisation des prix. Cette faction appelle aussi à la nationalisation de l’institution.

Le président Cyril Ramaphosa et son ministre des Finances, Tito Mboweni, défendent, quant à eux, l’indépendance de la Banque et le respect de son mandat tel qu’il est défini dans la Constitution.

Lors de la rencontre tenue dans une université de la capitale sud-africaine Pretoria, le patron de la Reserve Bank a souligné que la capacité de la Banque à s’attaquer aux questions se rapportant à la croissance économique et la création d’emplois était limitée en raison de la nature globale des flux des capitaux et des facteurs techniques relatifs à la collecte de données sur l’emploi.

Le débat sur cette question s’accentue au moment où le pays s’enfonce dans la crise avec un taux de chômage avoisinant les 30 pc de la population active.

Mardi, le Fonds monétaire international (FMI) a tiré la sonnette d’alarme, en revoyant à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie sud-africaine à seulement 0,7 pc sur toute l’année 2019.

«La croissance en Afrique du Sud devra être freinée davantage en 2019 suite à un affaiblissement durant le premier trimestre de l’année, reflétant l’impact plus important que prévu des grèves, des problèmes d’approvisionnement en énergie et d’une faible production agricole», a dit le FMI, dans un rapport sur les perspectives de l’économie mondiale.

Le pays arc-en-ciel, compté parmi les nations les plus industrialisées du continent africain, n’a pas pu atteindre 2 pc de croissance depuis 2013. Le ralentissement économique persiste dans le pays, en dépit des efforts consentis par Ramaphosa depuis son accession au pouvoir en février 2018.

Au premier trimestre de 2019, l’économie sud-africaine s’est contractée de 3,2 pc, après que le pays ait connu de graves coupures du courant.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 24/07/2019 à 12h30, mis à jour le 24/07/2019 à 12h34