Mozambique. "Tuna Bonds": ce banquier suisse qui a reçu 45 millions de dollars de "corruption"

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Le 17/10/2019 à 15h42, mis à jour le 18/10/2019 à 16h58

Andrew Pearse et ses collègues ont perçu des dizaines de millions de dollars de la société Privinvest pour fournir de fausses informations à leur employeur, le Crédit Suisse.

L'affaire dite des "Tuna Bonds", correspondant à un prêt secret mozambicain, n'a pas encore révélé tous ses secrets. Cependant, ce mercredi 16 octobre, le procès qui s'est ouvert à New-York, aux Etats-Unis, a donné lieu à de fracassantes révélations, selon l'agence d'informations financières Bloomberg

En effet, Andrew Pearse, un ancien cadre du Crédit Suisse, a reconnu avoir perçu du constructeur naval Privinvest la rondelette somme de 45 millions de dollars de commission illégale pour le montage du crédit caché portant sur 2 milliards de dollars.

Ce prêt, qui n'apparaissait nulle part sur les livres de comptes de l'Etat mozambicain, était destiné à financer une opération opaque d'acquisition de navires destinés à la pêche au thon, d'où le nom de "Tuna Bonds". 

Ces obligations toxiques sont apparues au grand jour en 2016, quand Maputo n'était pas parvenue à les honorer. Les bailleurs de fonds avaient immédiatement décidé de suspendre toute coopération avec le Mozambique. 

Selon Andrew Pearse, quatre autres banquiers de la même institution avaient reçu des sommes conséquentes pour réaliser ces montages problématiques, qui avaient permis au constructeur naval Privinvest de sécuriser une belle commande du gouvernement de ce pays d'Afrique australe. 

Leur rôle dans cette opération consistait à fournir à l'institution financière suisse de fausses informations sur Prinvest afin que le crédit soit accordé. 

Dans le cadre de cette affaire, trois ex-cadres du Crédit Suisse et Ndambi Guebuza, fils de l'ancien président mozambicain Armando Guebuza, avait été arrêté. 

Si Andrew Pearse a accepté de faire autant de révélations, c'est parce qu'il est à la fois accusé et témoin contre d'autres mis en cause, notamment Jean Boustani, un responsable commercial de Privinvest. Son statut de témoin à charge lui permet d'être condamné à une peine légère en vertu de l'accord signé avec le procureur. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/10/2019 à 15h42, mis à jour le 18/10/2019 à 16h58