Cameroun: quand les nouvelles technologies dopent le business du covoiturage

Le 14/12/2019 à 13h48, mis à jour le 15/12/2019 à 14h37

A la faveur des progrès du numérique dans le pays, des plateformes tentent de faire du covoiturage, une habitude ancrée dans les moeurs locales, une nouvelle opportunité d'affaires.

Au Cameroun, il est commun que des usagers recherchent des particuliers propriétaires de véhicules avec qui voyager, en marge des agences de transport agréées. Ce qui est également le cas pour les particuliers souvent à la recherche de voyageurs pour ne pas effectuer un trajet seul et amortir les frais de carburant dépensés notamment.

Certaines start-up tentent depuis peu de surfer sur cette habitude pour en faire une opportunité d'affaires. C'est notamment le cas de la plateforme Heylo, qui a lancé ses activités en novembre 2019. Celle-ci entend offrir aux voyageurs et aux conducteurs ayant choisi ce mode de transport, des «voyages sans stress».

Les usagers ont la possibilité de s'inscrire en tant que conducteurs ou voyageurs sur l'application. Idem pour Waitmoi ( attends-moi en argot local, Ndlr). «Wait-Moi est une plateforme qui instaure la confiance et l’entraide entre concitoyens en mettant en relation, des conducteurs et des passagers qui souhaitent effectuer un même trajet. Ceci en toute sécurité et confiance», explique son fondateur, Xavier Tapi.

Parmi les arguments de vente de ces plateformes, l'on recense notamment la sécurité, la convivialité du voyage et les économies générées par les différentes parties par ce mode de transport. Dans la pratique, les conducteurs déjà identifiés proposent leurs places libres dans leur véhicule et les passagers intéressés par le même trajet peuvent manifester leur intérêt et réserver leur place pour voyager ensemble.

«En voyageant avec un personnel, le passager obtient un service Vip à petit prix tandis que le conducteur amortit en partie les coûts du déplacement», se targue Heylo. Par ailleurs, des systèmes de notation sont prévus pour encourager les bons comportements des conducteurs (respect du code de la route, sociabilité...) et des passagers.

Seul hic, la pratique n'est pas vue d'un bon œil par des transporteurs agréés . Certains y voient une pratique illégale et clandestine du métier.

Avant la naissance de ces plateformes, les conducteurs en quête de passagers avaient l'habitude de roder autour des agences de transport pour dénicher des voyageurs. Un «racolage» peut apprécié du côté de ces agences. Ce à quoi les adeptes du covoiturage répondent que les prix des trajets sont généralement fixés de commun accord entre les parties mis en contact et ne servent qu'à amortir les dépenses du conducteur pour lequel cette activité épisodique n'est pas destinée à générer des profits.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 14/12/2019 à 13h48, mis à jour le 15/12/2019 à 14h37