Cameroun. Coronavirus: le port obligatoire du masque, une opportunité pour la filière du textile, en difficultés

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Le 13/04/2020 à 13h13, mis à jour le 14/04/2020 à 10h41

Les acteurs de la filière interprofessionnelle coton-textile-confection du Cameroun, regroupés autour de la Cicam, société à capitaux publics, devront produire mensuellement, pour un début, 15 millions de masques de protection, stérilisés, en tissu, afin de répondre à la demande locale.

Depuis ce lundi 13 avril 2020, le port du masque sanitaire est désormais obligatoire dans les lieux, services et transports publics au Cameroun. Une mesure prise par le gouvernement dans le cadre de la riposte contre la pandémie de Covid-19 dans le pays.

Il s'agit certes d'une contrainte pour les usagers, mais également d'une opportunité pour les acteurs de la filière textile, en proie à des difficultés,devant la concurrence des produits chinois, et appelés à répondre à une forte demande, dans un contexte où les masques vendus en pharmacie sont loin d'être suffisants, mais dont les prix ont également grimpé depuis l'annonce des premiers cas avérés de Covid-19 dans le pays. Ce produit est donc devenu ainsi difficile d'accès pour les moins nantis.

C'est ainsi que les acteurs de la filière interprofessionnelle coton-textile-confection du Cameroun (Icotec) regroupés autour de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), principal acteur local de la filière industrielle du textile, devront produire 15 millions de masques de protection stérilisés en tissu par mois, afin de répondre à la demande locale.

Un premier objectif fixé par le gouvernement à travers le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Gabriel Dodo Ndocke, qui a rencontré les acteurs de la filière à Douala, la métropole économique.

«La Cicam sera le centre distributeur de matière première parce que nous en avons l’expertise et la capacité. Cicam va aussi être le centre de coupe pour les petites entreprises de confection qui n’ont pas d’unités de coupe automatisées», explique Gabriel Ekongolo Mbarga, directeur d’une des usines de la Cicam.

Pour l'entreprise à capitaux publics comme pour l'ensemble du secteur en général, il s'agit d'une petite bouffée d'oxygène.

Selon le rapport de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) sur la situation des entreprises publiques et des établissements publics au 31 décembre 2018, «la Cicam reste dans une situation très précaire du fait des méventes sur un marché dominé à 88% par le pagne d’origine chinoise et à 6% par le pagne d’origine ouest-africaine».

Le rapport indique également que le résultat à cette date était déficitaire de près de 3,959 milliards de francs CFA.

L'entreprise, spécialisée entre autres dans la production de filés et de tissus écrus, l'ennoblissement, l'impression, la teinture des tissus plats et des tissus éponges, etc., était également restée sur un couac dans la production et la commercialisation de l'un de ses produits phares, le "pagne du 8 mars" (produit à l'occasion de la Journée internationale des droist des femmes). Ce déficit de production avait entraîné des pénuries sur le marché.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 13/04/2020 à 13h13, mis à jour le 14/04/2020 à 10h41