Les autorités ghanéennes viennent d’annoncer l’interdiction des importations de véhicules d’occasion vieux de plus de 10 ans. Une décision qui répond à la pression des grands constructeurs automobiles mondiaux, notamment européens et asiatiques (Renault, Volkswagen, Toyota, Nissan, BMW, etc.) qui, à travers l’African association of automotive manufacturers, demandent aux pays africains de réduire leurs importations de véhicules d’occasion.
A travers cette mesure, les autorités ghanéennes souhaitent désormais doper le secteur du montage automobile pour lequel elles ont réussi à attirer cinq grands constructeurs automobiles mondiaux: Volkswagen, Nissan, Toyota Motor Corp, Suzuki Motor Corp. Il s'agit de petites unités de montage visant à satisfaire la demande locale et régionale.
Le pays ambitionne d’attirer d’autres constructeurs et de devenir le hub de l’assemblage de véhicules de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fort d’un marché de 380 millions d’habitants actuellement et qui devrait atteindre 500 millions de consommateurs en 2030.
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Un marché très largement dominé par les importations de véhicules d’occasion qui représentent entre 85 et 90% du parc automobile de la région.
A titre d’exemple, le Nigeria, première puissance économique du continent et le pays le plus peuplé d’Afrique avec ses 200 millions d’habitants, est le plus gros marché de véhicules d’occasion du continent avec entre 450.000 et 600.000 véhicules de seconde main écoulés annuellement.
Selon les projections, cette interdiction d’importation de véhicules âgés de plus de 10 ans aura un impact significatif sur les recettes douanières. En effet, au Ghana, à l’instar des autres pays de la sous-région, les importations de véhicules d’occasion représentent plus de 70% des importations automobiles. Du coup, le manque à gagner en termes de recettes douanières est estimé à 143 millions de dollars.
Toutefois, les implantations d’unités de montage devraient générer davantage en termes de création de valeur ajoutée, d’emplois et de diverses taxes et impôts.
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En plus, ces unités devraient contribuer à rajeunir le parc automobile très vieillissant du pays, à l’instar de tous les pays de la sous-région et de l’Afrique dans sa globalité, à quelques exceptions près, à savoir l'Afrique du Sud, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Libye.
Ailleurs, le marché automobile africain est largement dominé par les véhicules d’occasion. Le continent importe en chaque année 5 à 6 millions contre environ un million de véhicules neufs.
Ces véhicules d’occasion ont des conséquences néfastes: pollution environnementale, multiplication des accidents de la route consécutive à la vétusté du parc, maladies respiratoires, etc.
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Les implantations de constructeurs peuvent également réduire les prix des véhicules neufs et contribuer à accroître le taux de motorisation qui est encore faible: à peine 50 voitures pour 1.000 habitants.
Toutefois, pour y arriver, il faudra aussi développer le marché du crédit automobile pour pallier à la faiblesse du pouvoir d’achat des populations.