Ces derniers temps sur les marchés, les ménagères camerounaises se frottent les mains au regard des prix très attractifs des produits maraîchers, en particulier ceux de la tomate. Le cageot de tomates, habituellement vendu autour de 8.000 francs CFA en cette période de l’année, vaut trois, voire quatre fois moins, tant le produit est en abondance sur les étals.
Des prix que les commerçants expliquent, entre autres, par l’abondance de la production due à la professionnalisation des maraîchers, mais aussi et surtout, à cause du tarissement des marchés d’écoulement. Notamment hors du pays. Conséquence de la crise du coronavirus (Covid-19) qui a entraîné fermetures et restrictions aux frontières.
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«Avec la situation sanitaire peu aisée qui vient s’ajouter aux difficultés sécuritaires aux frontières, la part des productions habituellement écoulée au Nigeria, dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest et dans la totalité des pays de l’Afrique centrale ne sort plus. Les producteurs se retrouvent donc obligés d’écouler cette production sur place. Cette loi de l’offre abondante, bien supérieure à la demande locale, profite aux consommateurs mais pas aux producteurs qui perdent au change», explique notamment Thomas Tamedjouong, coordonnateur du Programme national de développement des cultures fruitières dans la région de l’Ouest, l’un des principaux bassins de production de cette denrée très périssable.
Ce qui fait craindre des faillites massives du côté des agriculteurs. Et encore, bon nombre de producteurs préfèrent laisser la tomate pourrir dans les champs, afin de ne pas dépenser en vain de l’argent de transport pour venir brader leur marchandise dans les grandes agglomérations, la transformation locale étant pour l’heure insuffisante.
Même les grossistes étrangers qui venaient acheter directement dans les plantations n’ont plus la possibilité de le faire, à cause notamment de a fermeture des frontières. La situation de cette filière attire même l’attention des politiques.
«Si rien n’est fait, le Cameroun s’expose à l’effondrement pur et simple de cette filière de la tomate. Une telle perspective induirait une flambée du chômage dans les principales zones de production que sont l’Ouest, le Centre, l’Adamaoua et le Nord-Ouest. Si le gouvernement se fige dans son immobilisme habituel, notre pays compromettra durablement les revenus habituels tirés de la commercialisation de la tomate, soit, par an, 720 milliards sur le marché extérieur (zone CEMAC) et 140 milliards sur le marché intérieur», indique notamment le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, dans un communiqué le 7 juillet 2020.
D’autre part, de nombreux élus appellent à saisir l’occasion de la crise sanitaire actuelle pour rééquilibrer la balance commerciale en développant notamment les industries de transformations des produits locaux.