Mali: les Etats-Unis s'opposent au coup de force

Des militaires maliens, dans un véhicule des forces armées.

Des militaires maliens, dans un véhicule des forces armées. . DR

Le 18/08/2020 à 14h20, mis à jour le 18/08/2020 à 14h58

Les Etats-Unis s'opposent à tout changement de gouvernement en dehors du cadre légal au Mali, y compris par l'armée, alors que des soldats ont pris mardi 18 août le contrôle d'un important camp militaire proche de Bamako, a indiqué l'émissaire américain pour le Sahel, Peter Pham.

"Nous suivons avec inquiétude l'évolution de la situation aujourd'hui au #Mali. Les #USA s'opposent à tout changement extra-constitutionnel de gouvernement, que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité", a déclaré M. Pham sur Twitter.

Pour le moment, la situation reste confuse et on ignore encore où se trouve le président Ibrahim Boubacar Keïta, mais plusieurs de ses ministres ont été arrêtés par les mutins, ainsi que le président de l'Assemblée nationale.

Tout a commencé quand, ce mardi matin, des soldats ont tiré des coups de feu en l'air pour une raison inconnue dans le grand camp militaire de la ville-garnison de Kati, proche de Bamako, d'où était parti le coup d'Etat de 2012, alors que le Mali traverse depuis juin une profonde crise politique. 

Crise politique et sociale

Le Mali est confronté à une grave crise socio-politique qui préoccupe la communauté internationale, dont les médiations n'ont jusqu'ici pas abouti.

Depuis juin, une coalition hétéroclite d'opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile multiplie les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion.

A cela s'ajoute une "situation sociale délétère", selon la dirigeante syndicale Sidibé Dédéou Ousmane.

Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène la contestation, a refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta, fixant notamment comme préalable la fin de la "répression" contre ses militants.

Le weekend du 10 juillet, une manifestation à l'appel du Mouvement du 5 juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers.

La crise politique actuelle est partie de l'invalidation par la Cour constitutionnelle d'une trentaine de résultats des législatives de mars-avril, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Keïta.

Coup et contre-coup

C'est du camp de Kati, le 21 mars 2012, alors que les rebelles touareg avaient lancé une offensive majeure dans le nord du Mali et que les jihadistes affluaient en provenance des pays voisins, que des soldats s'étaient mutinés contre l'inaptitude du gouvernement à faire face à la situation.

Sous la direction du capitaine Amadou Sanogo, ils avaient chassé le président Amadou Toumani Touré.

Dans les mois qui ont suivi leur coup d'Etat, Kati a été le lieu de nombreuses violences commises contre des militaires considérés comme fidèles au président renversé, ainsi que contre des hommes politiques, des journalistes et des membres de la société civile.

Le coup d'Etat avait précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes islamistes armés, qui ont occupé cette région pendant neuf mois avant d'en être en partie chassés par une intervention militaire internationale lancée par la France en janvier 2013 et toujours en cours.

Sous la pression internationale, la junte avait fini par céder le pouvoir à des autorités civiles intérimaires.

Malgré les interventions étrangères, les violences jihadistes, souvent mêlées à des conflits communautaires et à du banditisme, se poursuivent et se sont même étendues depuis 2015 au centre du Mali et aux pays voisins, Burkina Faso et Niger.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 18/08/2020 à 14h20, mis à jour le 18/08/2020 à 14h58