L’Egypte et Israël s’allient pour approvisionner l’Union européenne en gaz

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Le 15/06/2022 à 12h52, mis à jour le 16/06/2022 à 10h56

Le Caire, Tel Aviv et Bruxelles ont signé mercredi un protocole d’accord portant sur l’approvisionnement de l’Union européenne en gaz naturel israélien via l’Egypte. Cet accord rentre dans le cadre du plan européen visant à réduire la dépendance du Vieux continent vis-à-vis du gaz russe.

La crise ukrainienne a bouleversé durablement la géopolitique énergétique mondiale. Et l’Europe, très dépendante des importations d’hydrocarbures (pétrole et gaz) russes est à la recherche d’alternatives crédibles pour assurer sa sécurité énergétique. A ce titre, les importantes réserves de gaz d’Israël et de l'Egypte constituent des sources potentielles fiables pour son approvisionnement en gaz. C'est dans ce sens que Karin Elharar, ministre israélienne de l'Energie, Tarek al-Mula, ministre égyptien du Pétrole et des ressources naturelles, et Kadri Simson, commissaire européen à l’Energie, ont signé ce mercredi 15 juin 2022 un protocole d’accord pour la fourniture de gaz israélien et égyptien aux pays de l'Union européenne.

Du fait de l’absence de l'équipement nécessaire pour expédier du gaz à partir d’Israël, celui-ci sera transféré vers l’Egypte, via des gazoducs déjà existants, d'où il pourra par la suite être acheminé vers l’Europe. Contrairement à Israël, le pays des pharaons dispose des infrastructures de transport stratégique et des usines de traitement pour expédier le gaz vers les marchés européens. Le pays dispose des deux seules usines de liquéfaction de gaz dela méditerranée orientale.

Plus précisément, grâce à cet accord, le gaz expédié d'Israël sera transformé en GNL -gaz naturel liquéfié- en Egypte, dans les terminaux d’Idku et de Damiette, avant sont exportation vers l’Europe.

La volonté de cesser de s’approvisionner en gaz russe implique pour les Etats de l’Union européenne de chercher des alternatives en Afrique et au Moyen-Orient. Rappelons que depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les Européens souhaitent réduire leur forte dépendance à l'égard du gaz russe et même arrêter les importations d’ici 4 ans. Il faut donc trouver de nouvelles sources d’approvisionnement sures. Et à ce titre, les importantes réserves de gaz d’Israël et d’Egypte constituent des alternatives intéressantes.

En 2018, un accord a été signé pour la livraison d’environ 64 milliards de mètres cubes de gaz israélien à l’Egypte sur une période de 10 ans via le gazoduc qui part de Beit Shean en Israël, passe par la ville portuaire d’Aqaba en Jordanie, avant d’arriver en Egypte. Un nouveau gazoduc reliant les deux pays est, par ailleurs, en cours de réalisation et permettra d’augmenter les livraisons de gaz israélien vers l’Egypte de plus de 50%.

Seulement, les découvertes d’importants gisements de gaz en Méditerranée au cours de ces dernières années ont rendu l'Egypte autosuffisante, le pays devenant le 13e producteur mondial. Les gisements Zohr renferment des ressources exploitables évaluées à 850 milliards de mètres cubes. Quant au gisement Leviathan d’Israël, il renferme des ressources exploitables chiffrées à environ 605 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Et les réserves totales d'Israël sont estimées à environ 900 milliards de mètres cubes. D’autres découvertes de gaz ont été annoncées au cours de ces dernières années, toujours en Méditerranée, par les deux pays.

Par Karim Zeidane
Le 15/06/2022 à 12h52, mis à jour le 16/06/2022 à 10h56