Sanctions contre la Russie: Le Caire et Moscou contournent le Swift

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Le 28/06/2022 à 12h40, mis à jour le 28/06/2022 à 12h41

Face aux sanctions des pays occidentaux contre la Russie, Moscou et Le Caire ont décidé d’utiliser leurs monnaies respectives dans leurs règlements bilatéraux. Par ce biais, les deux pays essayent de contourner l’exclusion russe du système international de transactions financières Swift.

Les sanctions occidentales contre la Russie et notamment l’exclusion de celle-ci du système international de transactions financières Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), ont pour effet de ralentir les échanges commerciaux entre la Russie et le reste du monde, dont particulièrement les pays africains. Notons que le Swift est une plateforme de messagerie sécurisée permettant des opérations cruciales dans les transactions commerciales.

Pour contourner cet obstacle, la Russie et l’Egypte ont décidé de recourir à leurs monnaies nationales pour les règlements de leurs transactions commerciales. «Il est nécessaire de trouver des mécanisme pour effectuer des règlements, car l’Egypte a besoin du blé russe», a expliqué Nevine Gamea, ministre égyptienne du Commerce et de l’industrie.

Pour rappel, en 2021, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s’est établi à 4,7 milliards de dollars, en progression de 5,1% par rapport à l’année précédente. Des échanges très fortement en faveur de la Russie qui a exporté pour 4,18 milliards de dollars vers l'Egypte, tandis ses importations n'ont atteint que 592 millions de dollars. L’Egypte, premier pays importateur mondial de blé avec des importations dépassant les 13 millions de tonnes s’approvisionne en effet en grande partie auprès de la Russie.

Ce mécanisme de paiement sert donc plutôt à utiliser le rouble russe dans les échanges commerciaux entre les deux pays. Du coup, pour les opérateurs égyptiens, il faudra trouver du rouble pour régler les transactions commerciales et espérer que la monnaie russe puisse garder une certaine stabilité.

Au-delà, ce choix s’explique aussi par le développement des relations économiques et commerciales entre Moscou et Le Caire depuis l’arrivée du président Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir en 2014. Les deux pays développent d’importants projets, dont le développement d’une zone industrielle au niveau du canal de Suez et la construction de la première centrale nucléaire civile égyptienne d’un coût de 25 milliards de dollars, entre autres. Ceci, en plus des importants achats d’armes russes par l’Egypte.

Ainsi, en adoptant les règlements bilatéraux via les monnaies locales, l’Egypte évite aussi toute sanction éventuelle liée à l’usage du dollar dans ses transactions commerciales avec Moscou.

Par ailleurs, si le règlement des transactions commerciales entre la Russie et l'Egypte se fait sans couac, l'expérience sera certainement tentée avec d’autres pays dépendants des importations russes. 

Par Karim Zeidane
Le 28/06/2022 à 12h40, mis à jour le 28/06/2022 à 12h41