Le journaliste, correspondant en langue haoussa dans le nord du Cameroun visé par les attaques du groupe nigérian jihadiste Boko Haram, sera fixé sur son sort le 20 avril, date à laquelle son affaire a été mise en délibéré, a précisé RFI dans un communiqué publié sur son site.
Lors de l'audience de jeudi, le commissaire du gouvernement, représentant du parquet, "est allé jusqu’à réclamer la peine de mort alors que la loi ne prévoit pas de réquisition de peine avant une éventuelle reconnaissance de culpabilité", a ajouté RFI qui met de nouveau en avant "l'absence de preuve" contre son journaliste.
Selon la radio publique française, très écoutée en Afrique, l'audience de jeudi "a donné lieu à un réquisitoire-éclair dans lequel le commissaire du gouvernement a maintenu les chefs d’accusation de +non-dénonciation d'actes de terrorisme, apologie et blanchiment+". Pendant "trois heures", les avocats du journaliste "ont littéralement déconstruit le dossier, prouvant qu’aucun élément de preuve n’a jamais été apporté par l’accusation et qu’aucune des infractions n’est constituée".
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Les avocats du journaliste ont demandé que les juges le déclarent "non coupable" et l'acquittent purement et simplement.
"La direction de RFI ne peut douter que (le) jour (du verdict) sera celui où l'innocence d'Ahmed Abba sera reconnue, et qu'il sera aussi le dernier jour de son calvaire", a commenté la radio, ajoutant : "628 jours de détention, c’est décidément trop long pour un innocent!".
Ahmed Abba avait été arrêté fin juillet 2015 à Maroua, dans l'extrême-nord du Cameroun, avant d'être transféré à Yaoundé où il est depuis détenu.
Le parquet estime qu'il a "collaboré" avec des islamistes de Boko Haram. Ahmed Abba a toujours clamé son innocence.
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Fin juin 2014, une loi antiterroriste très controversée est entrée en vigueur au Cameroun, prévoyant notamment la peine de mort pour les personnes reconnues coupables d'actes de terrorisme ou de complicité.
Depuis, des dizaines de personnes ont été condamnées à la peine capitale pour terrorisme. Le code pénal camerounais prévoyait déjà cette peine pour les coupables de meurtres et d’assassinats, mais aucune exécution n’a eu lieu depuis le milieu des années 1980.