RD Congo. Les Etats-Unis qualifiés de "racistes" et "impérialistes" par le gouvernement Kabila

Joseph Kabila, président de la RDC.

Joseph Kabila, président de la RDC. . DR

Le 08/07/2016 à 16h14

Sommé par la communauté internationale d'organiser les élections avant la fin de l'année, Kabila et son gouvernement s'en prennent ouvertement aux puissances occidentales, notamment aux Etats-Unis et à la Belgique.

Avec beaucoup d'éloquence, mais surtout des mots durs, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a adressé un message aux Américains et aux Belges en particulier."Notre pays, la République démocratique du Congo, est devenu un point de cristallisation pour tous ceux qui dans l’hémisphère nord de notre planète se sont donné, on ne sait trop sur quel principe, un rôle de régulateur de la vie des nations, foulant aux pieds le principe fondamental de la souveraineté des Etats et des peuples, qui constitue le socle du droit international et de la démocratie qu’ils prétendent promouvoir", a-t-il asséné sur les ondes de Radio France international (RFI), jeudi 7 juillet 2016.AccusationsIl accuse également "d'impérialisme" ceux qu'il qualifie de "proconsuls", citant "Washington et Bruxelles" et faisant allusion à "d'autres capitales occidentales". Ceux-là dit-il "prennent prétexte des difficultés et divergences internes autour du processus électoral de 2016 dans notre pays pour mettre littéralement le grappin sur nous en essayant avec une témérité frisant le racisme de faire marcher à reculons le train de l’histoire". Selon lui, il s'agit d'un manque de respect vis-à-vis des 70 millions de Congolais.Évidemment, il n'a pas épargné Moïse Katumbi, milliardaire et propriétaire du Mazembe, le mythique club de football, car unique candidat déclaré aux prochaines élections présidentielles. Demandant à Katumbi de "retourner sur les bancs de l'école", il affirme que ce dernier "ne connait rien au fonctionnement des institutions, aux lois ou à la Constitution".Katumbi, sous la menace d'une peine de prisonPour rappel, l'opposant Moïse Katumbi est actuellement en Afrique du Sud où il est parti se soigner après avoir fait l'objet de violence de la part des forces de l'ordre. Entre temps, il a été condamné à une peine de prison dans une affaire d'escroquerie contre un homme d'affaires libanais.Il s'est exprimé sur les médias français RFI et TV5, un jour avant cette diatribe de Lambert Mende. Il a notamment affirmé qu'il allait bel et bien revenir avant le 30 juillet, date choisie par l'opposition pour organiser un grand rassemblement. L'emblématique Étienne Tshisekedi, ancien opposant de Mobutu, de Kabila père et aujourd'hui de Kabila fils, a aussi annoncé sa présence.Il faut rappeler que suivant le processus électoral encadré par les Nations Unies, le Congo doit organiser des élections avant le 19 décembre date à laquelle, le mandat du président Kabila est censé prendre fin.Pas d'élection, Kabila continue d'être présidentCependant, il y a un mois environ, la Cour constitutionnelle congolaise a purement et simplement déclaré que, si des élections ne sont pas organisées d'ici cette date, le président Kabila pourrait continuer à être à la tête du pays. C'est ce qui est à l'origine du courroux de l'opposition et des remontrances des puissances occidentales qui ont soutenu le processus démocratique.Dans ce sens, les États-Unis n'ont pas hésité à prendre des sanctions contre le Chef de la police à Kinshasa, le général Célestin Kanyama, dont les avoirs ont été gelés.En réponse aux accusations du gouvernement congolais, le Département d'Etat américain a évoqué les centaines de millions de dollars que son pays investit dans le processus démocratique. Il a ajouté que des sanctions seront prises contre des personnes impliquées directement dans le nom respect des droits de l'homme et du processus démocratique.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 08/07/2016 à 16h14