Taïwan-Chine: l’Afrique champ de bataille diplomatique

Extradition de Tawainais vers la Chine: un fait divers qui vire à l'incident diplomatique

Extradition de Tawainais vers la Chine: un fait divers qui vire à l'incident diplomatique. DR

Le 12/08/2016 à 09h19, mis à jour le 12/08/2016 à 19h00

Le continent continue d’être un champ de bataille diplomatique entre Taïwan et la Chine. Cette semaine l’extradition par le Kenya de 45 Taïwanais vers la Chine a ravivé la rivalité. Un banal fait divers qui tourne à l’incident diplomatique.

Entre Taïwan et la Chine, il existe une rivalité diplomatique dont l’Afrique a souvent été le témoin. Pendant longtemps, les gouvernements africains ont reconnu l’un ou l’autre gouvernement en fonction d’intérêts ponctuels. Ce n’est plus le cas. Mais, cette semaine au Kenya, il s’est passé un évènement qui montre combien l’opposition entre le gouvernement de Taïwan et celui de la Chine est forte sur le continent.

Cinq Taïwanais ont été extradés par le Kenya, non pas vers leur pays, mais vers la Chine, suscitant la fureur de Taipei. C’est la deuxième fois depuis avril qu’un tel incident se produit. "Il s’agit d’une violation des droits de l’Homme", proteste le ministère taïwanais chargé de la Chine-mère.

Un banal fait divers

Selon l’agence de presse chinoise Xinhua, les cinq taïwanais font partie du groupe des 40 suspects ayant été extradés du Kenya vers la Chine sous escorte policière, lundi 8 août courant. Ils sont accusés par les autorités de Pékin de faire partie d’un réseau de fraudes sur internet qui aurait soustrait 600.000 dollars à des Chinois. Ils font partie du même groupe que les 45 taïwanais que Nairobi avait remis à Pékin en avril dernier, accusés des mêmes faits.

Plusieurs parmi les personnes extradés avaient été acquittées par la justice kenyane. Mais, poursuivis par Pékin, ils devront répondre devant la justice chinoise.

Politique d'une seule Chine

Quoi qu’il en soit, à travers ce cas d’extradition qui aurait pu passer pour un banal fait divers, il faut voir la féroce rivalité que se livrent Taipei et Pékin sur le continent. Taïwan ou République de Chine (RC) est opposé à la Chine connue également sous l’appellation République populaire de Chine (RPC). Suite à cette affaire, Lu Kang, le ministre des Affaires étrangères chinois n’a pas raté l’occasion de rappeler la position de son pays concernant Taïwan. "La politique d’une Chine-unique" est une condition sine qua non "des relations bilatérales entre la Chine et le reste du monde". Ce qu’il dit par politique d’une "Chine-unique" signifie que Taïwan et la Chine-mère soient considérés comme une seule et même entité. Car, faut-il le rappeler, les deux gouvernements réclament chacun sa souveraineté, alors que la Chine-mère ne reconnait pas la légitimité de Taïwan.

Diplomatie du chéquier

Le Kenya ne reconnait pas Taïwan et n’a aucune relation diplomatique avec l’île. Sur le continent, une poignée de pays entretiennent un partenariat diplomatique avec Taïwan. Alors que dans les années 1980, grâce à sa diplomatie du portefeuille, 13 pays africains avaient reconnu Taïwan, désormais ils ne sont plus que trois. Le chéquier taïwanais ouvrait les portes des palais, de l’Afrique du Sud au Tchad, en passant par la Guinée Bissau, la Gambie, le Sénégal, le Botswana ou encore la Centrafrique et le Malawi. Aujourd’hui, il ne reste plus que le Burkina Faso, mais également le royaume du Swaziland et Sao-Tomé-et-Principe.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 12/08/2016 à 09h19, mis à jour le 12/08/2016 à 19h00