Avec 50,3% des suffrages et 100.000 voix d'avance, le chef du Front patriotique (PF) obtient de justesse la majorité absolue nécessaire pour éviter un second tour, selon les résultats officiels livrés par la Commission électorale.
Bien que battu dans les urnes avec 47,6% le Parti uni pour le développement national (UPND) de Hichilema a d'ores et déjà indiqué qu'il allait contester le résultat. "Nous allons porter cette affaire devant la justice (...) pour contester les résultats de l'élection", a lancé devant la presse Jack Mwiimbu, un cadre de l'UPND, qui assure avoir des "preuves de la manipulation des chiffres" par le parti au pouvoir.
Ces déclarations entretiennent un climat tendu en Zambie après une campagne électorale marquée par des violences entre les supporters du PF et de l'UPND.
Après l'annonce des résultats, des concerts de klaxons et de vuvuzelas ont salué la victoire de Lungu à Lusaka et des centaines de personnes convergeaient vers le centre-ville pour célébrer le succès de leur candidat.
Si aucun incident n'avait été rapporté lundi en fin de journée, la police anti-émeute avait néanmoins été déployée dans les principales artères de la capitale, pour prévenir d'éventuelles violences.
La vague de violences préélectorales, qui ont fait au moins trois morts, est inédite dans ce pays réputé pour sa stabilité.
L'ex-Rhodésie du Nord a été dirigée de son indépendance obtenue pacifiquement de la Grande-Bretagne en 1964 à 1991 sous un régime du parti unique par Kenneth Kaunda, avant de s'ouvrir sans heurts au multipartisme.
Les incidents inédits de la campagne avaient poussé la commission électorale à décider sa suspension pendant dix jours dans la capitale Lusaka pour tenter, en vain, d'apaiser les esprits.
Les affrontements se sont poursuivis jusqu'à la veille des élections, en marge d'un meeting de l'UPND notamment. "Je serais surpris de voir des incidents violents, ou alors seulement des cas isolés. La Zambie est une nation généralement pacifique", veut rassurer l'analyste politique et économique zambien Oliver Saasa, interrogé par l'AFP.
Lundi, après la proclamation de la victoire de leur candidat, les partisans du camp Lungu ne cherchaient cependant pas vraiment à calmer le jeu. “Ce sont des pleurnichards qui se plaignent à chaque fois qu'il y a une élection. Nous leur avons donné une leçon et c'est la fin de l'UPND", a déclaré lundi Davis Chama, le secrétaire général du PF, qui a débouché plusieurs bouteilles de champagne à l'annonce des résultats, selon un journaliste de l'AFP.
Regagner la confiance
Au vu des résultats publiés par la commission électorale, Edgar Lungu, 59 ans, est donc confirmé dans ses fonctions, 18 mois seulement après son accession au pouvoir.
Il avait été élu en janvier 2015, devançant déjà d'une courte tête M. Hichilema, après une élection anticipée pour désigner un président le temps d'achever le mandat de Michael Sata, décédé de maladie en octobre 2014.
A l'époque Hakainde Hichilema avait aussi crié à la fraude électorale et contesté sans succès les résultats.
Elu cette fois pour un mandat de cinq ans, Lungu devra affronter la crise économique que traverse son pays, frappé par la chute du cours du cuivre dont il est le deuxième producteur d'Afrique. Des milliers d'emplois ont été supprimés dans le secteur minier, l'inflation dépasse les 20%, le déficit 8% du PIB et une grave sécheresse perturbe la production hydroélectrique.
"Je ne pensais pas que Lungu gagnerait. Il n'a pas réussi à restaurer la confiance dans notre économie", note Oliver Saasa.
"Il va devoir travailler dur pour gagner la confiance des plus pauvres, ceux qui ont perdu leurs emplois", poursuit-il.
Pour ce scrutin présidentiel, sept autres candidats se partagent quelque 40.000 voix, très loin derrière les deux favoris.
Les Zambiens ont également voté jeudi pour élire leurs députés et leurs conseillers municipaux, ainsi que pour un référendum sur une modification mineure de la Constitution. Les résultats de ces scrutins n'étaient pas encore disponibles lundi.