Libye-GNA: plus aucune goutte de pétrole à cause du général Haftar

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Le 13/09/2016 à 09h16, mis à jour le 14/09/2016 à 18h14

Les puissances occidentales ont peut-être crié victoire trop tôt, en mettant en place le Gouvernement d’union nationale (GNA) en mars dernier. Le Général Khalifa Haftar, fidèle au gouvernement de Bayda, vient de prendre le contrôle de la plupart des réserves de pétrole en Libye.

Tout est allé très vite. En moins de 48 heures, Khalifa Haftar, l’ancien général de l’armée de Kadhafi a fait changer la donne du conflit libyen. Son Armée nationale libyenne (ANL) contrôle désormais quatre principaux terminaux pétroliers. Après Ras Lanouf et As Sidra, pris dimanche, Zueitina et Brega sont tombés lundi.

Le Général Haftar devient ainsi le maître incontesté du croissant pétrolier, une zone qui représente quelque 60% des réserves d’hydrocarbures libyennes estimées à quelque 47 milliards de barils. Ce butin de guerre a donc une portée hautement stratégique qui inquiète les puissances occidentales.

Ainsi, cinq pays occidentaux se sont fendus d’un communiqué diffusé par les princiaples agences de presse eurpéennes. La France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Royaume-Uni, et les Etats-Unis ont vivement condamné les attaques du bras armé du gouvernement de Bayda contre les quatre principaux ports pétroliers.

Une prise facile

Selon la télévision nationale libyenne, il n’y a pratiquement pas eu de combats. Les soldats en poste dans ces ports se sont rendus à la première sommation des unités de l’ANL. En effet, ces gardiens ont purement et simplement obéi aux ordres de leurs chefs tribaux. Ils sont originaires de Cyrénaïque, dans l’Est libyen contrôlé par le gouvernement de Bayda.

Leur chef, Ismaïl Jedran, présenté par les médias occidentaux comme l’homme fort de la Cyrénaïque, a pris la clé des champs dès l’arrivée des forces du général Haftar. Pour l’heure, cet homme de 35 ans est introuvable. Il assurait le contrôle des ports pétroliers depuis 2013 et s’est rallié, en juillet dernier, au Gouvernement d’Union nationale que soutiennent les puissances occidentales.

Risques d'affrontement

Pour sa part, l’Onu, par la voix de son représentant, Martin Kobler, exprime son inquiétude. Ce dernier appelle les "parties libyennes dans ce conflit à s’asseoir ensemble". Sauf que cette défaite locale est source de frustration pour le GNA qui ne s’attendait pas à un tel revers. La réaction de Faez Serraj est épidermique. Il a demandé aux troupes loyales de combattre "l’armée illégale" du général Haftar.

De toute évidence, ces derniers événements pourraient accentuer les divisions entre le GNA reconnu par les puissances occidentales et celui de Bayda qui bénéficient de la loyauté de certains militaires du camp adverse. Les observateurs craignent que des affrontements entre armée loyale au GNA et les troupes de Haftar n’aient lieu. En effet, ces dernières ne sont plus qu’à 200 km de Syrte. Or, les brigades de Misrata, fidèles au GNA, ont presque pris le dessus sur les soldats de l’Etat Islamique.

S'étant ainsi rapproché, "Haftar peut désormais lancer des bombardements aériens sur Syrte pour tuer nos hommes sous prétexte de combattre les djihadistes", s’inquiète Ibrahim Baïthimal, à la tête du conseil militaire de Misrata. En effet, jusqu’ici l’Etat islamique constituait une zone tampon entre les deux gouvernements libyens.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 13/09/2016 à 09h16, mis à jour le 14/09/2016 à 18h14