Des centaines de somaliens ont répondu à l’appel du maire de Magadiscio pour protester contre les ambitions prêtées au Kenya de "revendiquer une partie des eaux territoriales somaliennes", au sein d'une zone potentiellement riche en réserves de pétrole et de gaz dans l'océan Indien. "Personne ne peut acquérir les eaux territoriales somaliennes et les Somaliens n'accepteront pas les ambitions démesurées du gouvernement kényan consistant à revendiquer une partie des eaux somaliennes", a déclaré le maire de Mogadiscio, Yusuf Hussein Jimale, en s'adressant aux manifestants. "Nous espérons fortement que le verdict de l'audience devant la Cour internationale de justice à La Haye sera en notre faveur", a-t-il ajouté.
Les manifestants brandissaient des affiches hostiles au gouvernement kényan. "Nous ne ferons pas de compromis sur nos eaux territoriales", pouvait-on notamment lire. "Il s'agit de l'intégrité (de la Somalie). La Somalie doit s'unir pour défendre ses eaux territoriales et c'est pourquoi nous manifestons aujourd'hui", a déclaré l'un des manifestants, Asha Abdirahman. "Nous n'accepterons jamais que le Kenya pille nos ressources en revendiquant nos frontières. Ils ont déjà une partie des territoires somaliens et maintenant ils veulent voler notre mer, c'est inacceptable", a renchéri un autre, Adanow Barre. De nombreux Somaliens considèrent que la façade nord-est du territoire kényan est une zone traditionnellement d'influence somalienne, qui devrait revenir à leur pays.
La Somalie et le Kenya se disputent un vaste secteur maritime de plus de 100.000 km2, au sein duquel Nairobi a déjà accordé trois permis d'exploitation pétrolière à la compagnie italienne Eni SpA qui sont contestés par Mogadiscio. Selon la Somalie, située au nord-est du Kenya, la frontière maritime devrait s'étirer en direction du sud-est, selon une ligne médiane entre les deux pays.
A l'opposé, Nairobi revendique pour délimitation une ligne droite partant de la frontière terrestre entre les deux pays vers l'Est.
Le Kenya rappelle qu'il exerce sa souveraineté sur la zone contestée depuis 1979, lorsqu'il a proclamé les limites de sa zone économique exclusive. Nairobi affirme également s'être accordé en 2009 avec Mogadiscio pour résoudre le différend par des négociations, et non par un arbitrage judiciaire. Le Kenya considère donc la CIJ comme n'étant pas compétente.