Kiosque Le360 Afrique. Toute la vague de constestation des Oromo et Amhara serait due à la tentative de l'Egypte et de l'Erythrée de destabiliser l'Ethiopie. L'accusation est grave et pour le moment aucune preuve n'est fournie, mais elle est formulée par les autorités éthiopiennes. Adis Abeba s’insurge contre son voisin du Nord, l’Egypte, qu’il accuse d’être désormais le pays de résidence de ses plus virulents opposants. C’est la déclaration faite par Getachew Reda, ministre de la Communisation éthiopien lors d’une conférence de presse tenue hier lundi 10 octobre, rapporte Jeune Afrique.
De l'Erythrée à l'Egypte
Selon le porte-parole du gouvernement, "il y a une menace venant de différentes directions, des ennemis extérieurs qui sont déterminés à détruire le pays tout entier". Il les accuse de se servir "des manifestations pour remettre en cause toutes les réussites de l’Ethiopie ces 20 dernières années".
Si l’accusation contre l’Erythrée n’a rien de surprenant, Asmara étant le frère ennemi d’Adis Abeba, Celle contre l’Egypte en étonné plus d’un. C’est, en effet, la première fois que des propos aussi virulents sont tenus, même si pour le moment, le ministre se garde bien d’accuser le gouvernement égyptien. Selon lui, les opposants du Front de libération Oromo sont aujourd’hui basés au Caire, alors qu’ils avaient Asmara comme lieu de résidence. Ces dirigeants bénéficieraient du soutien financier et logistique de responsables égyptiens, a cependant affirmé Getachew Reda.
A l'origine de la tension, le barrage éthiopien sur le Nil
Le premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn a affirmé, pour sa part, que cette attitude hostile de l’Egypte serait liée au projet éthiopien de construire un grand barrage sur le Nil. Projet jugé néfaste par le voisin du Nord qui estime qu’il le priverait des eaux du Nil. "Les pays mécontents de notre détermination à construire le barrage Grande renaissance avec nos propres ressources ont depuis longtemps conspiré avec la diaspora extrémiste pour déstabiliser notre pays", a-t-il dit devant le Parlement.
Evidemment, ni le Premier ministre ni le ministre de la Communication ne donnent de preuves réelles concernant ces accusations. La sortie frontale du gouvernement éthiopien contre l’Egypte intervient juste 24 h après l’instauration de l’Etat d’urgence. L’Erythrée est également accusée d’être à l’origine de la vague de protestation antigouvernementale. Cette dernière s’est durcie ces derniers jours causant l’incendie de plusieurs usines et détruisant des biens publics. Sa répression par le gouvernement éthiopien a fait des dizaines, voire plusieurs centaines de victimes. La contestation a fini par mettre les nerfs des dirigeants éthiopiens à rude épreuve. Vers fin septembre, une manifestation religieuse Oromo s’était transformée subitement en mouvement de protestation. L’intervention des forces de l’ordre avait causé une bousculade qui a fait 52 morts selon le gouvernement et plus d’une centaine selon l’opposition.