Dans la chute du Guide Libyen, la situation libyenne ne cesse d'évoluer. Cependant, il y a une contante: le pays n'est jamais réellement ce qu'il paraît. Actuellement, tout le monde focalise sur le général Khalifa Haftar, depuis sa prise du croissant pétrolier qu'il s'est empressé de rétrocéder pratiquement. Cependant, les islamistes sont toujours dans l'arène à l'Est vers Misrata. Alors que le Sud semble impossible à unifier.
L'Ouest dominé par Misrata
C'est de Misrata, ville située à 200 kilomètres à l'est de Tripoli, que sont issus les principaux groupes armés. La cité fut la plus meurtrie de l'ouest libyen pendant la révolte populaire ayant mis fin à plus de quatre décennies de dictature. Ces forces qui ont puisé dans l'arsenal militaire hérité du régime Kadhafi sont les plus organisées de Libye. Certaines ont rallié le gouvernement d'union nationale (GNA), issu d'un accord parrainé par l'ONU et reconnu par la communauté internationale mais qui peine à asseoir son autorité sur tout le territoire libyen.
Elles participent depuis le 12 mai à une offensive lancée contre l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) pour reprendre la ville de Syrte. Les groupes armés de Misrata constituaient le noyau dur de la coalition Fajr Libya qui s'était emparée de la capitale Tripoli durant l'été 2014, chassant ses rivaux de Zenten, qui se sont depuis retranchés dans leur ville située à 170 km au sud-ouest de Tripoli.
A l'occasion, les Misratis se sont alliés à aux villes amazighes de Djebel Nefoussa, dans l'ouest libyen, isolant de plus en plus les tribus de Zenten qui affichent leur soutien au maréchal Khalifa Haftar, le "maître de l'Est du pays".
Haftar maître de l'Est
Les autorités basées en Cyrénaïque, région orientale la plus riche en pétrole, ne reconnaissent pas la légitimité du GNA et ont étendu leur pouvoir sur de vastes portions de territoire. Elles sont appuyées par les forces armées sous le commandement du maréchal Khalifa Haftar et ont montré leur force en s'emparant en trois jours des installations de la région du Croissant pétrolier (nord-est) en septembre.
Chassée en juillet 2014 de la ville de Benghazi (1.000 km à l'est de Tripoli) par des milices islamistes, l'"Armée nationale libyenne" (ANL), la force paramilitaire formée par Haftar, a dû se replier plus à l'est vers des villes qui lui sont loyales comme al-Marj, al-Baïda ou Tobrouk, à la frontière égyptienne.
Elle a réussi à reconquérir Benghazi, mais continue à faire face à des poches de résistance de la part d'une coalition de milices islamistes et radicales. L'ANL est formée principalement d'anciens officiers de l'Est de la Libye ayant fait défection au début de la révolte de 2011 contre le régime Kadhafi. Ses détracteurs accusent l'Egypte et les Emirats arabes unis de la soutenir.
Luttes tribales dans le Sud
La région de Fezzan (sud) est la zone de tous les trafics avec une mosaïque de forces tribales et ethniques qui luttent pour le contrôle de la contrebande et des champs pétroliers. Toutefois, ces factions entretiennent d’étroites relations avec les deux camps rivaux de l'Ouest et de l'Est. Des affrontements réguliers opposent les minorités Tobous, alliées à Haftar, et les Touaregs.
Les Touaregs contrôlent notamment les frontières avec le sud de l’Algérie et la partie occidentale du Niger et les Tobous sont bien présents dans la zone frontalière avec le Niger, le Tchad et une partie du Soudan. De leur côté, les tribus arabes, dont celles de Sebha et de Koufra (sud-est) affichent leur soutien aux autorités de l'ouest du pays.