Ce n’est pas l’opposition, mais bien un membre influent de l’African national congres (ANC), le parti de Jacob Zuma, qui réclame la tête du président sud-africain. Jackson Mthembu, le bien nommé chef du groupe parlementaire de l’ANC, a demandé la démission de l’ensemble du Comité exécutif du parti, réclamant par la même occasion le départ de Zuma.
Cet appel qui a fait l’effet d’une bombe s’explique par les récents développements sur le plan politique en Afrique du Sud. Il y a d’abord le rapport de la médiatrice de la république sud-africaine contre la publication duquel le président Zuma s’est battu. Ses avocats ont obtenu qu’il ne soit pas diffusé le temps de préparer leur réponse. Cependant, Thuli Madonsela dont le mandat est arrivé à terme le 15 octobre dernier a réussi un coup de maître en le signant avant de quitter son poste. Il s’agit donc d’un rapport définitif qui, quoi qu’il arrive, devra être rendu public un jour ou l’autre.
Ensuite, il y a les accusations pour fraudes contre celui qui est connu comme le "Monsieur Anti-corruption", Pravin Gordhan, l’actuel ministre des Finances. Beaucoup voient dans ces accusations une tentative de le discréditer. Pravin Gordhan avait été choisi l’année dernière après que les marchés financiers se mirent à dégringoler par manque de confiance aux deux ministres des finances qui avaient été nommés avant lui. Pour calmer la sphère économique et ramener la confiance, Zuma fit appel à Gordhan. Jackson Mthembu estime que Pravin Gordhan est "victime d’une cabale", désavouant la démarche de l’exécutif qui l’avait fait entendre par la police secrète sud-africaine, il y a deux semaines.
"Situation chaotique"
Quoi qu’il en soit, le chef du groupe parlementaire de l’ANC a accordé deux interviews hier dimanche 23 octobre. Pour lui, "tout le monde doit démissionner", lui en premier, mais également le très contesté vice-président de l’ANC Cyril Ramaphosa et le secrétaire général du parti, en l’occurrence Gwede Mantashe. Evidemment, Zuma doit être le premier à quitter ses fonctions. Il les accuse "d’avoir transformé l’ANC en un machin qui laisse un goût amer (…), par conséquent ils doivent prendre leurs responsabilités pour la situation chaotique qu’ils ont créée".
Pour enfoncer le clou, la presse a publié le témoignage du vice-ministre des Finances qui est cité dans le rapport de l’ex-médiatrice. Selon la presse, le vice-ministre aurait dit que la famille Gupta lui a offert "une somme importante d’argent pour qu’il soit nommé ministre des Finances à condition de collaborer avec eux". Les Gupta voulaient ainsi avoir l'assurance que le ministre qui serait nommé leur permettra de poursuivre le projet nucléaire qu'ils souhaitent lancer.