Un groupe armé a pris vendredi le contrôle d'une prison dans le sud de Tripoli où sont détenus les principaux dirigeants de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, dont le sort était inconnu en soirée, a-t-on appris de source judiciaire.
Les gardes de la prison ont été contraints de se retirer après une attaque menée par un groupe armé loyal au gouvernement d'union (GNA), a indiqué cette source qui souhaite garder l'anonymat, faisant état de deux morts parmi les gardes.
Au moins 28 personnes ont été tuées et plus de 100 blessées vendredi dans ces violents affrontements entre groupes armés rivaux dans la capitale libyenne Tripoli.
Ces combats ont opposé des forces loyales au gouvernement d'union nationale (GNA) soutenu par la communauté internationale à des groupes rivaux au milieu de quartiers résidentiels.
Sous la coupe de dizaines de milices, la capitale est en proie à une insécurité chronique depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Certains groupes armés se sont alignés toutefois avec le GNA après son entrée en fonction en mars 2016.
Les affrontements de vendredi ont fait au moins 28 morts et 128 blessés, a indiqué le porte-parole du ministère de la Santé Anwar Frajallah, sans être en mesure de préciser dans l'immédiat qui étaient les victimes.
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Il a précisé que le bilan risquait de s'alourdir en raison de l'existence de "cas critiques". "Certains hôpitaux n'ont pas été aussi en mesure de communiquer leurs bilans en raison d'un problème de télécommunication", a-t-il dit.
Un précédent bilan faisait état de 13 morts et près de 80 blessés.
Un responsable de la sécurité du GNA, Hachem Bichr, a déploré pour sa part 23 morts et plus de 29 blessés dans les rangs des forces loyales.
Le responsable d'un hôpital de Tripoli avait fait état plus tôt de "cinq morts et de plusieurs blessés", dont des civils.
Les combats ont commencé à l'aube dans les quartiers d'Abou Slim, Hadhba et Salaheddine dans le sud de Tripoli, où des chars et armes lourdes ont été déployés, selon des témoins.
"Je peux entendre des explosions et des tirs d'artillerie dans le sud. (Je) condamne l'action de ces milices qui menacent la sécurité des Libyens avant le ramadan", le mois de jeûne musulman qui commence samedi en Libye, a écrit l'ambassadeur britannique en Libye, Peter Millett, sur son compte Twitter.
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"Les voix de la raison (...) doivent prévaloir dans l'intérêt du pays", a pour sa part réagi l'émissaire de l'ONU en Libye Martin Kobler. "Il faut protéger les civils", a-t-il ajouté dans un communiqué parvenu à l'AFP, en exhortant les groupes rivaux à s'abstenir de recourir à la violence pour des fins politiques.
'Cadeau' de ramadan
En fin d'après-midi, les combats ont perdu en intensité mais des tirs intermittents étaient toujours entendus depuis plusieurs quartiers de la capitale.
Des groupes hostiles au GNA ont revendiqué, sur leurs pages Facebook, des attaques contre les forces loyales à cet exécutif soutenu par la communauté internationale.
Les combats ont commencé autour d'un complexe d'une dizaine de villas luxueuses qui servaient de quartier général à des milices fidèles à l'ancien chef d'un gouvernement non reconnu, Khalifa Ghweil, écarté du pouvoir après la formation du GNA.
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Le GNA a accusé vendredi Ghweil et un chef de milice, Salah Badi, d'être responsables des attaques promettant de "riposter sans merci". Les deux hommes, originaires de la ville de Misrata (ouest) étaient des leaders des milices de la coalition Fajr Libya qui avait pris le pouvoir à Tripoli en 2014.
Ils "ont dépassé toutes limites. (...) Rien ne les arrête", a dénoncé le GNA dans un communiqué. "C'est leur cadeau aux citoyens pour le mois de ramadan".
Les forces loyales au GNA avaient réussi à gagner en influence à Tripoli en chassant en mars des groupes rivaux de leurs fiefs, dans le centre de la ville et aux alentours, au prix de violents combats.
Depuis, un calme inhabituel régnait dans la capitale, même si plusieurs secteurs restent hors de tout contrôle.
Six ans après la révolte ayant mis fin à la dictature de Mouammar Kadhafi, la Libye reste engluée dans une interminable crise de transition, victime d'une insécurité persistante, d'une économie en lambeaux et de rivalités politiques incessantes.