Afrique: Mugabe cité dans un trafic d'armes lors d'un coup d'Etat contre Obiang Nguema

Simon Mann (à g.) lors de son séjour en prison en 2004 quand il fut arrêté au Zimbabwe.

Simon Mann (à g.) lors de son séjour en prison en 2004 quand il fut arrêté au Zimbabwe.. DR

Le 05/07/2017 à 13h10, mis à jour le 05/07/2017 à 15h14

Revue de presseAlors qu'il vient d'offrir un million de dollars à l'Union africaine, beaucoup se demandent qu'elle est la vraie origine de cette fortune. Un ancien mercenaire semble en apporter une réponse et affirme qu'une société détenue par Robert Mugabe a été l'un de ses fournisseurs d'armes.

Kiosque le360 Afrique. En marge du procès dit des "biens mal acquis" qui se déroule actuellement à Paris et où le principal accusé est Théodore Obiang Nguema Mbassogo alias Theodorin, vice-président de la Guinée équatoriale et fils du président Obiang Nguema, de croustillantes révélations sont faites par des personnes impliquées dans le procès. C'est le mercenaire anglais, Simon Mann, qui, après avoir porté un sérieux coup contre l'accusation, apporte d'autres informations toutes aussi surprenantes. 

Dans une interview accordée à la revue Jeune Afrique, il rappelle un épisode curieux alors qu'il était le principal instigateur du coup d'Etat devant avoir lieu contre le président de ce petit pays pétrolier d'Afrique centrale. Quand le journaliste lui demande s'il connaissait bien le Zimbabwe, sa réponse est qu'il le connaissait très peu. "J’avais une petite entreprise, Global Logistic. Une coquille vide qui me servait à acheter des armes auprès de la ZDI [Zimbabwe Defence Industries], qui appartient en fait à Mugabe. Ces armes provenaient du bloc soviétique. Pour chaque livraison, ils nous annonçaient un prix", raconte celui qui dirigeait jusqu'à 3.000 mercenaires lors de la guerre civile en Angola. 

Pourtant, ce sont les hommes de Mugabe, ceux-là mêmes qui lui avaient vendu des armes pour perpétrer le coup d'Etat, qui l'arrêteront en 2004 pour le remettre aux autorités de Malabo. Mugabe n'avait pas le choix, puisque les services secrets équato-guinéens avaient déjà pisté l'origine des armes pour savoir que le vendeur n'était autre que Mugabe. 

Pour mieux comprendre le contexte de ces révélations, il faut noter que Simon Mann est passé dans le camp du président Obiang Nguema avec lequel il a signé un pacte pour lui livrer l'ensemble des personnes impliquées dans le putsch manqué de 2004. En tant que témoin de la défense, il a révélé que l'avocat William Bourdon, par lequel tout ce raffut est parti, serait impliqué dans le coup d'Etat. Selon lui, puisque les instigateurs, notamment le Libanais Ely Calil, le Français William Bourdon ou encore le milliardaire George Soros, ont échoué à faire chuter Obiang Nguema, ils ont choisi "la voie légale" en l'accusant d'avoir accumulé des "biens mal acquis". 

Quoi qu'il en soit, le hasard a voulu que cette révélation soit faite à deux jours d'intervalle du don d'un million de dollars fait par le président du Zimbabwe en faveur de l'Union africaine. Cette somme est venue de la vente aux enchères d'un millier de boeufs, dont 300 proviennent du cheptel de Mugabe, et offerts à la Fondation de l'Union africaine. Ce que l'histoire ne disait pas c'est comment Mugabe avait fait pour accumuler cette petite fortune. Même si Simon Mann, en tant que mercenaires se disant à la retraite, n'est pas le plus crédible des informateurs, on est tenté de constater la cohérence de ses révélations. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 05/07/2017 à 13h10, mis à jour le 05/07/2017 à 15h14