Cinq ans après la destruction de la structure étatique libyenne par l'intervention française soutenue par ses alliés, le pays de Mouammar Kadhafi pourrait retrouver un fonctionnement normal. Khalifa Haftar et Fayez Al-Sarraj, les deux hommes forts de la nouvelle Libye, viennent de convenir de la mise en place d'un accord de cessez-le-feu. De même, ils espèrent parvenir à l'organisation d'élections le plus rapidement possible, toujours selon leur déclaration conjointe.
C'est Paris, qui veut réparer les dégâts causés par cette intervention de 2012, qui est à l'origine de leur rencontre. Le simple fait qu'il y ait un communiqué conjoint est une grande victoire de la diplomatie française qui vient non seulement court-circuiter Alger, mais aussi l'Union Africaine dont le haut comité sur la Libye n'est parvenu à aucun dialogue.
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Pendant de longs mois, Alger a cherché à jouer un rôle d'artisan de la paix en Libye. Mais sa proximité avérée avec Fayez Al-Sarraj a joué en sa défaveur, puisque Khalifa Haftar s'est toujours montré méfiant.
Au sein de l'Union africaine, c'est bien l'Algérien Smail Chergui qui est à la tête du Conseil Paix et sécurité. C'est parce qu'il a lamentablement échoué que les chefs d'Etat ont mis en place le Haut comité sur la Libye confié à Denis Sassou Nguesso. Mais comme Alger, minée par une maladive jalousie vis-à-vis de son voisin marocain, n'avait pas digéré que l'accord de Skhirat signé dans la banlieue de Rabat ait réussi à remettre en selle un gouvernement en Libye, elle a tout fait pour être au sein de ce Comité. En même temps, elle jouait en solo pour organiser une hypothétique rencontre.
Néanmoins, le fait que les deux hommes soient arrivés à cette déclaration de Paris est une suite logique. Paris contribuera à éteindre le feu qu'elle avait allumé. Certains appellent cela "jouer un rôle de pompier pyromane", mais pour le nouveau président français c'est de la realpolitik.
Macron cherche, vaille que vaille, à corriger la plus grave erreur diplomatique commise par son pays sur le continent au cours des dernières décennies et qui a fini par avoir une double conséquence néfaste sur le Sahel avec le terrorisme, mais aussi sur les pays de la rive Nord de la Méditerranée avec la plus grande crise migratoire.
Visiblement son réalisme devrait donner des résultats, sauf que cette nouvelle mise à l'écart d'Alger, après le G5 Sahel, risque d'envenimer les choses entre Macron et le gouvernement algérien.