Les autorités éthiopiennes ont levé vendredi l'état d'urgence instauré en octobre 2016 pour faire face à une vague de manifestations sans précédent, violemment réprimées par les forces de l'ordre.
"Même s'il y a quelques situations dans de rares endroits, nous pensons que cela peut-être géré par les forces de sécurité et l'administration locales", a déclaré le ministre de la Défense Siraj Fegessa devant une session extraordinaire du Parlement.
"Nous avons évalué la situation générale et nous avons rapporté au Parlement notre décision de lever l'état d'urgence", a-t-il ajouté, précisant que 21.100 personnes avaient été arrêtées dans le cadre de l'état d'urgence, lequel avait été prolongé de quatre mois en mars.
Sur ce total, les deux-tiers ont été relâchées après avoir suivi un programme de "rééducation", mais 7.700 sont encore sous le coup de poursuites judiciaires.
Les autorités avaient instauré l'état d'urgence en octobre 2016, environ un an après le début de manifestations anti-gouvernementales les plus importantes depuis 25 ans et dont la répression a fait de 940 morts, selon deux rapports publiés par la Commission éthiopienne des droits de l'Homme, liée au gouvernement.
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Cette déclaration d'état d'urgence sur l'ensemble du territoire était sans précédent en Ethiopie depuis 25 ans et la chute du "négus rouge" Mengistu Hailé Mariam. En 2005, les autorités éthiopiennes avaient décrété un état d'urgence limité à certaines villes, dont Addis Abeba, pour une durée de 30 jours, après des élections controversées.
Les manifestations étaient avant tout l'expression d'une frustration des Oromo (sud et ouest) et des Amhara (nord), les deux principales ethnies du pays, face à ce qu'ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de la coalition du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), qui règne sans partage depuis 1991.
C'est un projet visant à étendre le territoire d'Addis Abeba en rognant celui des Oromo - projet abandonné depuis - qui avait mis le feu aux poudres en novembre 2015, car symbolisant des années de colère et de frustration au sein des Oromo.
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Les manifestations ont progressivement cessé après l'entrée en vigueur de l'état d'urgence. Mais dans la région Oromia, des habitants avaient expliqué à l'AFP qu'aucune réponse n'avait été apportée à leurs doléances et qu'ils avaient arrêté de manifester seulement parce qu'ils craignaient d'être emprisonnés.
L'EPRDF est crédité d'une baisse de la pauvreté et de la mortalité infantile, notamment, mais il est également accusé par de nombreuses organisations de défense de droits de l'Homme d'avoir mis en place un gouvernement totalitaire qui truque les élections et fait taire toute dissidence.