Les violences ont éclaté quand des Luo ont brûlé des échoppes situées dans le quartier kikuyu du bidonville, entraînant une bataille rangée entre les deux groupes, comprenant plusieurs centaines de personnes, à coups de pierres, de bâtons et de flèches.
Un homme, vraisemblablement kikuyu, a été très sévèrement frappé à coups de bâtons et de pierres, et son corps gisait inerte, le visage ensanglanté, sur la chaussée, selon ce photographe qui a observé la scène. Des personnels de la Croix-Rouge présents à proximité n'ont pas réussi à accéder immédiatement au corps, les deux groupes continuant à se faire face et la situation restant extrêmement tendue.
La décision des Luo d'incendier les commerces kikuyu aurait été déclenchée par des rumeurs sur la mort de deux membres de leur communauté. Un autre photographe de l'AFP a vu l'un de ces deux hommes, gisant sur le dos, recouvert de sang mais respirant encore. Il n'a cependant pas pu confirmer la présence d'un autre corps.
Lire aussi : Kenya: au moins 9 personnes tuées suite aux violences post-électorales
Cet incident a fait suite à la visite à Mathare de M. Odinga, venu voir la famille d'une fille de neuf ans tuée par balle samedi matin dans le bidonville, alors qu'elle se trouvait sur un balcon au quatrième étage d'un immeuble. M. Odinga s'était auparavant rendu dans le bidonville de Kibera, où devant des milliers de partisans enthousiastes, il avait affirmé qu'il n'accepterait pas les résultats de l'élection présidentielle, "volée" selon lui par M. Kenyatta, le chef de l’État sortant.
"Nous n'avons pas encore perdu. Nous n'abandonnerons pas. Attendez que j'annonce la marche à suivre après-demain (mardi)", avait-il ajouté, demandant à ses supporteurs de ne pas aller travailler lundi en raison de la présence massive des forces sécurité. M. Kenyatta a été réélu vendredi soir pour un second mandat de cinq ans avec 54,27% des voix, contre 44,74% à M. Odinga, selon les résultats officiels. Mais l'opposition conteste ces résultats et dénonce une "mascarade" électorale.
Des scènes de violence et de pillage circonscrites à quelques bastions de l'opposition, dans l'ouest du pays et les bidonvilles de Nairobi, ont éclaté dès la proclamation de la victoire de M. Kenyatta. Ces violences ont fait au moins 16 morts entre vendredi soir et samedi soir - neuf dans les bidonvilles de Nairobi, dont la fillette, et sept dans l'ouest du pays - selon un bilan établi par l'AFP de sources policières et hospitalières.