"J'ai eu le regret de remarquer, pendant mon absence, que des commentaires, notamment sur les réseaux sociaux, ont dépassé la ligne rouge, mettant en cause la question de l’existence de notre nation", a-t-il déclaré, dans un discours prononcé à 7h00 du matin (06H00 GMT) sur la télévision nationale.
"Notre unité n'est pas négociable", a-t-il martelé, alors que les velléités identitaires sont de plus en plus grandes à l'approche du 1er octobre, jour de la fête nationale.
En juin, un groupe de jeunes musulmans radicaux a donné jusqu'à cette date aux Igbos chrétiens, originaires du Sud, pour quitter le nord du pays.
Cet ultimatum, qui rappelle la haine anti-igbo née avant la terrible guerre du Biafra, fait écho aux messages sécessionnistes et virulents de l'Ipob, le mouvement pour les peuples indigènes du Biafra (sud-est), sous l'égide de son chef charismatique, Nnamdi Kanu.
La semaine dernière, Nnamdi Kanu, qui est encore en surveillance judiciaire, a posté une vidéo de lui sur les réseaux sociaux, inspectant des rangées de jeunes militants en uniforme, tel un chef des armées.
Lire aussi : Nigeria: Buhari de retour après trois mois de congé maladie à Londres
"De fait, nous n'allons pas seulement renforcer notre lutte contre les éléments de Boko Haram, qui continuent à mener des attaques sporadiques (dans le nord-est), mais aussi contre la hausse des kidnappings (contre rançon), contre les violences entre bergers et agriculteurs (en forte augmentation dans le pays), et contre les violences ethniques instrumentalisées par des politiciens véreux", a énuméré le président.
"Nous les éliminerons toutes", a-t-il assuré, en référence aux menaces rampantes aux quatre coins du pays.
Déterminé
Dans ce discours de six minutes, le président, élu il y a deux ans, apparaît toujours aussi frêle, même s'il est en meilleure condition physique et plus cohérent qu'à son précédent retour, en mars, après avoir passé déjà deux mois dans la capitale britannique.
Malgré des appels à la démission pendant son absence, le chef de l'Etat de 74 ans a rappelé sa volonté de reprendre les rênes de ce géant de 190 millions d'habitants.
"Je reste résolument déterminé à assurer que mes objectifs soient maintenus et résolus", a-t-il conclu.
Pour Amaka Anku, analyste nigériane pour Eurasia Group, le "retour de Buhari n'aura un grand impact sur l'agenda politique du gouvernement, laissant les affaires courantes à son vice-président, Yemi Osinbajo, qui l'a remplacé pendant ses absences répétées au cours de l'année.
"La loyauté et la déférence d'Osinbajo à son égard (...) va faciliter le retour du président dans le pays", poursuit Amaka Anku.
Lire aussi : Nigeria: Buhari botte enfin l'arrière-train de Boko Haram
Ancien général, qui a dirigé une première fois le Nigeria dans les années 1980 d'une main de fer, il s'arroge clairement les questions sécuritaires dans un contexte économique très difficile, depuis que le géant pétrolier de l'Afrique de l'Ouest est entré en récession il y a un an.
"La sécurité est la priorité", reconnait l'économiste nigérian Bismark Rewane, pour Financial Derivatives Company.
"Son retour va améliorer la crise politique et sécuritaire, et si cela est résolu, les investisseurs pourront commencer à revenir", note l'analyste financier.
Buhari, connu pour ses réponses fortes et son manque d'écoute pour résoudre les conflits, ne semble pas avoir flanché sur cette stratégie.
"Il n'y aucun doute sur le fait que la situation sécuritaire s'est détériorée ces derniers mois mais aujourd'hui, le Nigeria a besoin de diplomatie", nuance Don Ekereke, consultant en sécurité basé à Lagos.
"On a bien vu que l'utilisation de la force n'avait pas fonctionné dans le Delta du Niger" contre les militants autonomistes qui ont attaqué les installations pétrolières pendant toute la première année de sa présidence, poursuit-il.
"Il n'y a plus qu'à espèrer que les services de renseignement, l'armée, ne vont pas faire des excès de zèle pour satisfaire leur maître", s'inquiète Don Ekereke.