Crise migratoire. Afrique-Europe, le dialogue des sourds

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Le 29/08/2017 à 14h37, mis à jour le 29/08/2017 à 14h39

L’Europe souhaite stopper le flux migratoire venant de l’Afrique et dont le Tchad, le Niger et la Libye constituent des points de passage et d’origine. Toutefois, les propositions européennes pour réduire ce fléau ne sont pas en phase avec la vision et les préoccupations des dirigeants africains.

Face aux flux de migrants qui accostent sur les rives européennes, le vieux continent essaye de se barricader. Toutefois, les mesures prises pour décourager les migrants n’ont pas jusqu’à présent produit les effets souhaités. Pour preuve, plus de 125.000 migrants ont franchi la Méditerranée depuis le début de l’année.

Face à cette situation, le président français a organisé un mini-sommet le lundi 28 août 2017 à Paris, auquel ont été conviés l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, du côté européen, et le Tchad, le Niger et la Libye du côté africain, pays considérés au cœur du transit de migrants d’Afrique et du Moyen-Orient. A travers cette rencontre, les Européens cherchent à mieux contrôler le flux migratoire venant de l’Afrique qui ne cesse de s‘amplifier.

Un certain nombre de pistes sont ainsi avancées. D’abord, le traitement des dossiers de demande d’asile se fera sur le continent africain: au Tchad et au Niger. Selon Emmanuel Macron, «l’idée est d’identifier des zones sûres au Niger et au Tchad, sous la supervision du HCR», pour le traitement des dossiers d’asile et pour «pouvoir offrir cet asile en commençant la procédure dès le territoire africain». Ces centres seront renforcés par des fonctionnaires français de l’Office de protection des refugiés et apatrides (Ofpra) pour le traitement des demandes d’asile.

Outre la proposition française, l’Italie, l’un des pays les plus touchés par le flux migratoire, et l’Allemagne, vont soutenir l’initiative française en accordant des aides à ces deux pays afin de leur permettre de mieux contrôler leurs frontières avec la Libye, devenue pays de transit des migrants souhaitant rejoindre l’Europe.

Reste que la vision européenne n’est pas vraiment partagée par les invités africains du sommet qui, eux, mettent l’accent sur les véritables racines de l’émigration. Selon le président Mahammadou Issoufou, «les véritables causes de la migration irrégulière sont la pauvreté, l’insécurité, le changement climatique, la pression démographique. Par rapport à cela, nous avons demandé qu’il faut renforcer les capacités des forces de défense et de sécurité et aussi se préoccuper des problèmes de développement économique et social pour s’attaquer au mal à la racine».

Allant dans le même sens, le président tchadien Idriss Deby Itno a été catégorique: «nous voulons des choses concrètes». Il a martelé que l'immigration "ne serait résolue que par le développement", à l'issue d'un mini-sommet à Paris entre Africains et Européens sur la crise migratoire. "Le problème fondamental restera toujours le développement (...), il faut des ressources", a déclaré Deby, qui a également insisté sur la nécessité de régler la crise en Libye, pays de transit pour des dizaines de milliers de migrants qui veulent rejoindre l'Europe.

La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a admis que «le problème, c’est la pauvreté».

En clair, les points de vue pour résoudre la crise migratoire divergent entre pays émetteurs et de transit et les pays européens. C’est dire que le flux migratoire vers l'Europe a encore de beaux jours devant lui.

Par Kofi Gabriel
Le 29/08/2017 à 14h37, mis à jour le 29/08/2017 à 14h39