Malgré toutes les incertitudes qui l'entourent et les reproches dont elle fait l'objet, la Commission (IEBC) n'a pas tardé à choisir une nouvelle date, dans la limite des deux mois imposée par la Constitution après l'invalidation du premier scrutin.
"Une nouvelle élection présidentielle aura lieu le 17 octobre. Ceci pour se conformer à la décision de la Cour suprême annulant l'élection présidentielle qui s'est tenue le 8 août", a indiqué l'IEBC dans un communiqué.
Saisie par l'opposition, la Cour suprême avait annulé vendredi contre toute attente le résultat du scrutin du 8 août, à l'issue duquel M. Kenyatta avait été proclamé vainqueur avec 54,27% des voix, contre 44,74% à M. Odinga. La proclamation de la victoire de Kenyatta avait été suivies de violences qui avaient fait au moins 21 victimes, pour la plupart tuées par la police, dans plusieurs bastions de l'opposition dans l'Ouest et à Nairobi.
La Cour a justifié cette décision, inédite sur le continent africain, en estimant que l'élection n'avait "pas été conduite en accord avec la Constitution", et que des "illégalités et irrégularités (en avaient) affecté l'intégrité".
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L'IEBC a précisé que seuls Kenyatta et Odinga figureraient cette fois-ci sur les bulletins de vote. Les six autres candidats, qui avaient réuni moins de 1% des voix lors de la première élection, ne pourront se représenter.
Nombreux problèmes
L’un d'entre eux, Ekuro Aukot, s’est immédiatement insurgé contre cette mesure. "La décision de l’IEBC d’écarter les autres candidats à la présidentielle est invalide, illégale, nulle et non avenue", a-t-il affirmé sur son compte Twitter, promettant de saisir la justice.
Cette polémique sur la présence ou non des "petits" candidats n'est qu'un des nombreux problèmes auxquels est confrontée l'IEBC.
La Commission a été très critiquée pour les irrégularités commises dans la transmission des résultats. La Cour suprême a ainsi observé qu'elle avait "échoué, négligé ou refusé" de conduire les élections conformément à la loi.
L'IEBC est déjà au cœur de la bataille entre le gouvernement et l'opposition en vue du nouveau scrutin. Odinga, 72 ans, candidat malheureux en 1997, 2007 et 2013, ne lui accorde aucune confiance et a réclamé la tête de plusieurs de ses membres, qu'il a qualifiés de "hyènes".
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Le président Kenyatta a exclu qu'elle soit remaniée en profondeur. "La Cour s'est prononcée, nous l'avons accepté. A présent, que l'IEBC fasse son boulot, qu'elle annonce la date de l'élection, et Raila (Odinga), rendez-vous aux urnes!", a-t-il déclaré samedi.
Le président de l'IEBC, Wafula Chebukati, s'était défendu vendredi d'avoir commis la moindre faute, mais il n'était pas parvenu à apaiser les critiques. Et avec cette date du 17 octobre, la Commission dispose d'un délai très bref pour organiser un scrutin crédible.
'Appel à la patience'
L'IEBC a répété lundi attendre avec impatience le jugement complet de la Cour suprême, censé détailler ce qui lui est reproché, et qui doit être publié au plus tard le 22 septembre.
"A la lumière du jugement de la Cour suprême, il est impératif qu'un jugement détaillé (...) soit communiqué pour permettre à la commission d'identifier les secteurs qui nécessitent des améliorations dans l'organisation de cette nouvelle élection", a-t-elle noté.
"La Commission appelle toutes les parties à la patience et à la compréhension alors que nous travaillons ensemble pour organiser des élections libres, justes, crédibles et pacifiques", a-t-elle ajouté.
Après avoir dit vendredi qu'il respectait le jugement de la Cour, le président a changé de ton samedi en s'en prenant à des juges qui ont "décidé qu'ils avaient plus de pouvoirs que plus de 15 millions de Kényans (ayant) fait la queue pour voter".
"Il y a un problème et nous devons le régler", a mis en garde Kenyatta, 55 ans, qui avait été proclamé vainqueur en 2013 après le rejet d'un recours pour fraude de Odinga par la Cour suprême (dans une composition différente de celle de 2017).
Le monde judiciaire s'est offusqué des remarques de Kenyatta, le bâtonnier de l'Ordre des avocats du Kenya, Isaac Okero, les qualifiant de "menaçantes" et "inappropriées". Elles ont en tout cas donné le ton d'une campagne qui s'annonce courte, intense et probablement acrimonieuse.