"Ici au Kenya nous avons écrit l'histoire, car un coup d'Etat a été mené par quatre personnes dans un tribunal", a déclaré le président en référence au jugement rendu le 1er septembre à la majorité - quatre juges contre deux - par la Cour suprême, saisie par l'opposition.
Kenyatta s'est exprimé jeudi depuis le palais présidentiel alors qu'il rencontrait des dirigeants du nord du pays, au lendemain de la publication du jugement complet et détaillé de la Cour suprême, qui accable la Commission électorale (IEBC) pour sa gestion du scrutin du 8 août.
Le président, dont l'intervention était retransmise en direct sur les chaînes de télévision kényanes, a estimé que le jugement de la Cour suprême a sapé la démocratie, et comparé la décision d'invalider l'élection aux coups d'Etat militaires menés dans d'autres pays du continent. "Le jugement de quelques personnes a réduit à néant les progrès réalisés au fil des ans."
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Le vice-président William Ruto, qui a pris la parole avant Kenyatta, a lui évoqué une "tyrannie de la justice".
Alors que de nombreux doutes existent sur l'organisation de la nouvelle élection pour la date prévue du 17 octobre, les attaques du camp présidentiel contre la Cour suprême ne faiblissent pas.
Après l'annonce de la décision d'invalider sa réélection avec 54,27% des voix, Kenyatta avait qualifié les juges d'"escrocs" et promis de "régler" les problèmes existant selon lui dans le système judiciaire.
L'opposition ne faiblit pas non plus dans ses critiques acerbes de l'IEBC, et a prévenu qu'elle boycotterait le nouveau scrutin si ses exigences présentées à la Commission électorale - dont la démission de plusieurs de ses membres - ne sont pas remplies.
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Mercredi, la Cour suprême a notamment reproché à l'IEBC d'avoir proclamé les résultats sur la foi de procès-verbaux à l'authenticité parfois "douteuse", et de ne pas avoir permis l'accès à ses serveurs informatiques pour vérifier des accusations de piratages informatiques.
La Cour suprême a précisé que ses reproches visent surtout la transmission des résultats et qu'elle n'a aucune raison de douter des opérations d'enregistrement des électeurs ou des opérations de vote le jour du scrutin, notamment. Elle a également rejeté une requête de l'opposition de poursuivre des responsables de l'IEBC, évoquant plutôt des "problèmes institutionnels systémiques".
La Constitution exige l'organisation d'un nouveau scrutin dans les 60 jours suivant la décision de la Cour suprême, soit d'ici au 31 octobre.