17 Camerounais ont perdu la vie ce 1er octobre 2017, date anniversaire de la réunification du Cameroun anglophone et francophone.
Cette date du 56e aniversaire de l’indépendance a été retenue par des sécessionnistes anglophones, pour marquer la partition du pays en deux, avec la proclamation de l’Ambazonie, Etat anglophone réunissant deux régions -Nord-Ouest et le Sud-Ouest- sur les 10 que compte la Cameroun. Une décision évidemment rejetée par le pouvoir de Yaoundé. Il y a donc eu clash ce 1er octobre, avec des pertes en vie humaine.
Concrètement, suite au bilan, ce 2 octobre 2017, les autorités camerounaises ont réagi en affirmant que la volonté de sécession a avorté.
Malgré la fermeture des frontières maritimes et terrestres, des mouvements de foule ont été observés dans les régions susmentionnées. Les populations des localités secondaires essayaient notamment de rallier les chefs-lieux de région (Bamenda pour le Nord-Ouest et Buea dans le Sud-Ouest), dans l’intention de hisser le drapeau blanc-bleu de république d’Ambazonie.
Lire aussi : Cameroun: interdiction de se déplacer et couvre-feu dans les régions anglophones
Les forces de maintien de l’ordre se sont interposées. Le clash inévitable a eu lieu. Au final, à Bamenda, le gouverneur déclare 6 morts parmi la population et quelques blessés dans les rangs des militaires. Dans cette même région, non loin de la ville de Kumbo, une tentative d’évasion de prison aurait fait 5 morts.
Les forces de l’ordre violemment prises à partie avaient instruction d’éviter la riposte au maximum. Du coup, le drapeau ambazonien aura finalement été hissé à divers endroits et même, au cœur de Bamenda, au lieu-dit Milles 90 à Nsongwa. Mais pas pour longtemps.
Du coté du Sud-Ouest, les populations ont semblé plus tempérées. L’on a néanmoins observé une déferlante humaine, au départ de la ville de Mutunguené vers Buea, chef-lieu de région. Clash à l’entrée de la ville, avec des morts à la clé. Globalement, à en croire le gouverneur, Bernard Okalia Bilaï, la région a enregistré 6 morts au total. Dans le même temps, des brigades de gendarmeries et commissariats de police ont été saccagées un peu partout et des armes à feu confisquées.
Lire aussi : Cameroun: la crise anglophone vire au terrorisme
En ce 2 octobre, l’on annonce un calme précaire dans les régions anglophones, où les populations restent terrées chez elles. Dans les huit autres régions francophones, des manifestations populaires ont été organisées pêle-mêle, question de dire non à la séparation mais oui au dialogue.
Un dialogue revendiqué par la société civile camerounaise, les universitaires et hommes de Dieu. Mais aussi la communauté internationale, notamment les Nations-Unies. Antonio Guterres demande au pouvoir de Yaoundé de résoudre les griefs des anglophones, qui portent aujourd’hui sur l’application de la constitution, notamment l’effectivité de la décentralisation du pouvoir, avec des régions plus au moins autonomes.
Au départ, les anglophones revendiquaient un système éducatif et judiciaire qui prendrait effectivement en compte la langue anglaise et ses particularités. Alors que Yaoundé cédait du terrain, les revendications se multipliaient. Aujourd’hui, même la décentralisation n’est plus réellement l’enjeu. Certains anglophones veulent un Etat, tout bonnement!