Togo: le sommet de la CEDEAO pourrait ne pas avoir lieu

DR

Le 24/10/2017 à 12h51, mis à jour le 24/10/2017 à 13h02

La situation politique au Togo risque de compromettre le futur sommet de la CEDEAO, auquel le roi Mohammed VI a été formellement invité et qui devrait consacrer l'adhésion du Maroc. Depuis un peu plus d'un mois, deux rencontres de dimension continentale prévues à Lomé ont été annulées.

Après l'annulation du sommet Afrique-Israël et de la Conférence ministérielle de la Francophonie, le doute est plus que jamais permis sur la tenue de la Conférence des chefs d'État de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à Lomé en décembre prochain.

Les réseaux sociaux se sont empressés de prédire le même sort aux conférences prévues dans le pays prochainement. 

Lundi 23 octobre devait s'ouvrir à Lomé le fameux sommet Afrique-Israël. Mais le président Faure Gnassingbé a préféré l'annuler en raison d'une situation politique très tendue, malgré l'insistance d'Israël qui tenait à en faire la grand-messe de son retour sur le continent.

Durant la première semaine de septembre, quand le gouvernement togolais a pris cette décision, beaucoup l'ont attribuée à des pressions nigérianes, voire marocaines. Mais en réalité, les manifestations ont commencé en août. En effet, le 19 août, la marche organisée par le Parti national panafricain (PNP) avait fait deux morts du côté de l'opposition, après avoir mobilisé des centaines de milliers de personnes dans les rues de Lomé. 

En mobilisant la rue togolaise, le PNP a visiblement réussi sa démonstration de force contre le régime de Faure Gnassingbé, dont le clan est resté une cinquantaine d'années au pouvoir. Président depuis 2005, le président actuel a ainsi remplacé son père Gnassingbé Eyadema, qui avait passé une quarantaine d'années à la tête du pays.

Depuis le 19 août, la situation n'a fait qu'empirer. Chaque semaine, les manifestations font des morts, bloquent l'activité économique et maintiennent la pression sur le gouvernement. Ce dernier a d'ailleurs interdit, depuis une quinzaine de jours, les marches organisées les jours de semaine. Mais l'opposition refuse catégoriquement de limiter la contestation aux week-ends. 

Cette situation très tendue explique l'annulation de la Conférence ministérielle de la Francophonie, qui devait se tenir dans la capitale togolaise le 24 novembre prochain. Là encore, le gouvernement togolais a estimé qu'il était plus sage de la reporter à une date ultérieure.

Si aucun accord politique n'est trouvé avec l'opposition, Faure Gnassingbé, par ailleurs également président de la CEDEAO, pourrait décider de reporter le sommet de l'organisation régionale qui doit se tenir à Lomé en décembre prochain. 

Ce sommet est d'une importance capitale, puisque les chefs d'État de la CEDEAO devront officiellement entériner le retour du Maroc dans la confédération. C'est ce qui explique que le roi Mohammed VI ait été invité à prendre part aux travaux. 

Au sein de la CEDEAO, on continue d'observer avec beaucoup d'attention ce qui se passe au Togo, tout en évitant de prendre parti. Pour le moment, les seuls à s'être portés médiateurs dans ce jeu politique sont les présidents de l'organisation régionale, Patrice Talon du Bénin et Alassane Ouattara de Côte d'Ivoire. Toutefois, le ministre gambien des Affaires étrangères vient de mettre les pieds dans le plat en déclarant que le président togolais devait démissionner. 

Au-delà du Togo, il se pourrait que le sommet entre les chefs d'État de l'Union européenne et ceux de l'Union africaine soit annulé. Ce que croit savoir Radio France Internationale (RFI) citée par Togoweb: "Le gouvernement français ne voudrait pas que la crise politique togolaise porte atteinte à l’organisation de ce sommet prévu en novembre prochain à Abidjan", écrit le site. Ce qui expliquerait que la France presse les acteurs politiques à trouver rapidement une solution.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 24/10/2017 à 12h51, mis à jour le 24/10/2017 à 13h02