Cameroun-crise anglophone. L’opposition boycotte la rentrée parlementaire

John Fru Ndi, le leader de l'opposition camerounaise tape du poing sur la table pour dénoncer la gestion de la crise anglophone.

John Fru Ndi, le leader de l'opposition camerounaise tape du poing sur la table pour dénoncer la gestion de la crise anglophone.. DR

Le 16/11/2017 à 10h23, mis à jour le 16/11/2017 à 11h51

Le SDF, principal parti d’opposition, veut marquer son désaccord dans la gestion de la crise anglophone et «forcer la main au gouvernement afin qu’il trouve une solution durable» à la situation qui perturbe les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays.

Principal parti d’opposition, le Social Democratic Front (SDF) a envoyé un signal fort au gouvernement. Majoritaire dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, le SDF de John Fru Ndi n'a pas pris part à l’ouverture de la 3e et dernière session parlementaire de l’année 2017 le 14 novembre.

Dans un communiqué publié plus tard, le parti a expliqué sa position: «Le gouvernement s’entête à appliquer une solution de force à un problème purement politique et reconnu comme tel au plan mondial. Dans sa brutalité, le gouvernement encourage ses fonctionnaires et ses commis à traiter les Camerounais anglophones comme des terroristes à abattre, des chiens à encager et des rats à détruire».

Le SDF, par l'entremise des présidents des groupes parlementaires du parti à l’Assemblée nationale et au Sénat, critique aussi la mission de dialogue engagée il y a peu par le gouvernement dans les zones anglophones. «Les membres des groupes parlementaires SDF sont outrés de voir qu’au lieu d’écouter les plaintes des populations, le gouvernement RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) s’est plutôt engagé dans la diversion en envoyant les membres de son Comité central et son élite se régaler avec ses militants pour ensuite concocter un rapport fallacieux à l’attention du président national, également président de la République.»

Le SDF, de son côté, dit militer pour le fédéralisme et exprime sa désapprobation concernant la manière dont la crise sociopolitique est gérée. Pour ce parti, la vie dans les zones anglophones est devenue un «calvaire». L'absence d'État de droit, les tueries, l'enlèvement et la déportation des populations obligent les Camerounais d'origine anglophone à se réfugier au Nigeria.

Et de conclure que, «au vu de l’impuissance du Parlement pour régler cette crise, les groupes parlementaires ont décidé de suspendre leur participation aux séances respectives d’ouverture et se réservent le droit de maintenir cette position pour le reste de la session si des mesures adéquates ne sont pas prises». Ce, tout en appelant à un dialogue franc et inclusif. 

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 16/11/2017 à 10h23, mis à jour le 16/11/2017 à 11h51