C’est aujourd’hui que plus de 2 millions de Libériens vont élire l’homme qui succédera à la première femme présidente du pays depuis 12 ans, Ellen Johnson Sirleaf. George Weah, candidat malheureux à deux reprises face à la présidente sortante, n'est plus qu'à un pas du palais présidentiel libérien.
Pour beaucoup d’observateurs, ce second tour de la présidentielle est une simple formalité pour le candidat de la Coalition pour le changement démocratique, face au vice-président sortant, Joseph Boakai.
Plusieurs raisons font de Weah le successeur de Sirleaf. D’abord, au premier tour de l’élection présidentielle, il s’est détaché de la concurrence en devançant Boakai de presque 10 points. L’ancienne star du ballon rond avait obtenu 38,4% des voix exprimées contre 28,8% pour son challenger, Boakai.
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Ensuite, à la différence du contexte électoral des deux précédentes défaites de Weah contre Sirleaf, cette fois, le front «tous contre Weah» n’a pas fonctionné. L’ancien chef de guerre, Prince Johnson, crédité de 8,2% des voix du premier tour, a apporté son soutien à Weah dès l’annonce des résultats.
En plus, et c’est une surprise, Weah vient d’obtenir le soutien important de quelques caciques du Liberty Party, le parti de Charles Brumskine. Le président de ce parti et ancien numéro deux de Charles Brumskine lors de la présidentielle, ainsi que son directeur de campagne ont rejoint les soutiens de Weah. Or, le parti de Charles Brumskine, avec un réservoir de 9,6% des suffrages exprimés lors du premier tour, assure largement la victoire à l’ex-star du ballon rond.
En outre, Weah bénéficie des divisions du parti au pouvoir. D’ailleurs, l’actuelle présidente Sirleaf n’apporte pas un soutien franc à son vice-président qui l’accuse même de favoriser Weah.
Par ailleurs, l’âge de celui que les Libériens surnomment «Sleepy Joe» (Joe le dormeur), 72 ans, constitue un handicap pour un pays constitué de jeunes qui aspirent au changement.
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Enfin, longtemps accusé d’être inexpérimenté en politique, Weah a comblé son handicap en se faisant élire sénateur en 2014 et a pu attirer à ses côtés l’influente ex-épouse de l’ancien président Charles Taylor, Jewel Howard Taylor, sénatrice dans le comté de Bong. Son soutien a été très important au premier tour, Weah ayant raflé 40% des voix dans ce comté.
Bref, tous les ingrédients sont réunis pour que le futur président libérien soit George Manneh Usman Weah.
Reste que quelques variables peuvent déjouer les pronostics: le taux d’abstention d’une élection qui se déroule le lendemain de la fête de Noël et la fraude.
Une chose est sûre, avec ce deuxième tour, le Liberia va élire pour la première fois un autochtone. Weah et Boakai n’appartenant pas à l’élite d’origine «américano-libérienne» qui dirige le pays depuis sa création, hormis la parenthèse sanglante du coup de force de Samuel Doe.