Cameroun. Crise anglophone. Paul Biya appelle les exilés à regagner le Cameroun

Des milliers d'anglophones ont fui au Nigeria.

Des milliers d'anglophones ont fui au Nigeria.

Le 03/01/2018 à 12h06, mis à jour le 03/01/2018 à 12h16

De retour d’une revue des troupes dans le Sud-Ouest, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense assure que l’armée a repris le contrôle de la région, entièrement désertée par endroit.

La Manyu, l’une des unités administratives de la région du Sud-Ouest du Cameroun, est sous les feux des projecteurs depuis près de trois mois. C’est dans cette localité que des attaques meurtrières contre des éléments des forces de défense et de sécurité ont été les plus nombreuses, en lien avec la crise anglophone.

Des groupes armés du mouvement sécessionniste y ont assassiné une dizaine de militaires, gendarmes et policiers. Entre autres, le jeune soldat de deuxième classe Emmanuel Yaya, égorgé le 10 novembre dernier, les inspecteurs de police principaux Ngwa Kevin et Nkewelle Derrick Halle, tués dans la nuit du 29 au 30 novembre, mais aussi quatre militaires assassinés deux jours plus tôt

C’est également dans la Manyu, notamment dans le village de Dadi, qu’une vidéo relayée par les réseaux sociaux a montré un homme autoproclamé chef d’état-major d’une supposée armée de république imaginaire d’Ambazonie, passant en revue des troupes en uniformes militaires. Les sécessionnistes avaient décidé de faire de Dadi, sise à la frontière avec le Nigeria, le poste de commandement de leurs forces armées. D’ailleurs, un camp d’entraînement y était déjà installé.

Dans l’optique de préserver l’intégrité du territoire camerounais, l’armée régulière, notamment le Bataillon d’intervention rapide (BIR), a effectué une mission sur le terrain. Cette troupe d’élite a activé trois détachements à Dadi, Bachuo et Eyumojock. Dans le contexte de guerre, les populations ont déserté les lieux. A Dadi par exemple, il ne reste plus que deux vieilles dames, désormais nourries et soignées par l’armée camerounaise.

Malgré la débandade populaire, le territoire camerounais a néanmoins été repris, annonce aujourd’hui le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo. Il était sur le terrain durant les trois derniers jours de 2017.

Au bilan des inspections, le ministre assure que la violence est désormais circonscrite. Les sécessionnistes sont en déroute et désorganisés. Leurs casernes ont toutes été démantelées et les terroristes neutralisés ou appréhendés.

En portant aux troupes les félicitations du président de la République, chef des armées, le ministre de la Défense était également porteur d’un message aux populations, ayant pour la plupart fui au Nigeria voisin, sous le coup de la peur. «Qu’elles soient rassurées et se sentent libres de revenir dans leurs villages, de nouveau sous le contrôle des forces de défense et de sécurité. Les assaillants ont été maîtrisés, la vie à la maison, au Cameroun, peut reprendre en toute quiétude», a rassuré Joseph Beti Assomo.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 03/01/2018 à 12h06, mis à jour le 03/01/2018 à 12h16