Citant tour à tour la pauvreté, l'insécurité, la mauvaise gestion économique et le népotisme, "pauvres performances" du président Buhari depuis son arrivée au pouvoir en 2015, Olusegun Obasanjo, qui a dirigé le Nigeria de 1999 à 2007 et garde un poids important sur la scène politique locale, appelle le président actuel à "considérer le repos", dans une tribune publiée par plusieurs journaux.
"J'ai voté pour lui", a rappelé l'ex-homme fort du Nigeria, qui avait apporté son soutien à Muhammadu Buhari lors du dernier scrutin de 2015. "Je connaissais M. Buhari (...) et sa faible connaissance en économie, mais je pensais qu'il ferait appel à des Nigérians qui pourraient l'aider (...) car l'économie n'obéit pas aux ordres militaires", a-t-il taclé mardi, en référence à la réputation intransigeante de Buhari, un ancien général - comme lui-même.
M. Obasanjo a appelé à la création d'un "mouvement", la "Coalition pour le Nigeria", "qui n'a pas besoin d'être un parti politique", assure-t-il, mais qui doit rassembler des membres qui veulent un Nigeria "nouveau, vert et transparent".
"Les Nigérians ont besoin de plus que ce qui leur a été donné (...). Leur en demander davantage serait irréaliste", a souligné M. Obasanjo qui, entre 1976 et 1979, a dirigé une junte qui a contrôlé le Nigeria, avant de devenir en 1999 le premier président élu démocratiquement dans le pays.
Cette tribune survient alors que de plus en plus de voix s'élèvent pour apporter un soutien tacite ou officiel à une future candidature du chef de l'Etat.
La semaine dernière, sept gouverneurs - issus du nord musulman, comme M. Buhari - ont rendu visite au président à Abuja. "Ceux que vous voyez ici veulent que le président se présente en 2019 et continue à mener le pays dans la bonne direction", avait alors déclaré Nasir El-Rufai, gouverneur de l'Etat de Kaduna.
Le premier mandat du président Buhari, 75 ans, a été marqué par la pire récession économique de l'histoire moderne du Nigeria, qui a perdu sa place de première économie d'Afrique et par son absence du pays pendant près de six mois pour être soigné à Londres d'une maladie non-dévoilée.